Vers un 911 " à la française " ?

Le 15, le 17, le 18 ou le 112 ? Difficile de savoir quel numéro appeler en cas d'urgence. Un "numéro unique", comme le 911 américain, serait-il la solution ?

La rédaction d'Allo Docteurs
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Samu, pompiers, police: la question de regrouper les numéros d'urgence sur une plateforme unique se pose mais n'est pas tranchée a indiqué le 15 mai sur RMC la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. A l'occasion des nombreuses questions posées par la mort de Naomi Musenga, la ministre de la Santé a assuré que "des décisions" seront prises cet été.

"C'est une question que j'avais posée en janvier", en commandant, conjointement avec le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, un rapport sur le sujet, qui doit être rendu "avant l'été", a déclaré la ministre. Ce rapport dressera un "état des lieux de ce qui se passe dans les autres pays", notamment européens, qui l'ont mis en place, pour "voir les inconvénients et les bénéfices", a-t-elle dit. "Il y a un inconvénient, c'est que quand vous avez un appel unique, vous avez plusieurs relais avant que la personne trouve le bon interlocuteur".

Un débat dans le difficile contexte de l'affaire Naomi Musenga

La ministre est revenu sur la récente annonce du décès de Naomi Musenga, qui avait contacté le Samu pour d’intenses maux de ventres mais n’avait pas été prise au sérieux par l’opératrice. Agnès Buzyn a expliqué que Naomi Musenga "a d'abord appelé les pompiers", et que c’est lors du passage de cet appel vers le Samu "que l'opérateur des pompiers dit « elle a la grippe »". "On voit qu'il y a une transmission de l'information qui de fait n'était pas une bonne information et a peut-être créé du trouble chez l'opératrice du Samu", a jugé Mme Buzyn.

Voir également : Urgences, tout ce que vous devez savoir sur le 112… et sur le 114 !

Dans l'hypothèse d'un regroupement, "deux options" seraient sur la table. La première serait de "regrouper tous les appels d'urgence", des pompiers, du Samu, et de la police, "dans un seul numéro, comme le 911 aux Etats-Unis". Mais dans ce cas, il faut "un autre numéro d'appel pour la régulation médicale banale", a estimé la ministre. "Les urgences vitales représentent moins de 10% des appels au Samu, autour de 3%", a-t-elle rappelé.

L'autre option serait de "regrouper sous un même numéro tout ce qui concerne la santé" que cela soit "très urgent" ou pas, a-t-elle dit. Sur la question du regroupement comme sur l'option à choisir, "les professionnels ne sont pas d'accord entre eux", mais "des décisions seront prises dans le courant de l'été", a-t-elle conclu.

Des pompiers favorables à un numéro unique

La Fédération Nationale des Sapeurs Pompiers milite pour que les personnes en situation d’urgence n’aient qu’un numéro, un seul, à composer. Et pourquoi pas un standard européen : le 112. Selon le Colonel Eric Faure, président de la Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers de France, interrogé par les journalistes du Magazine de la santé, "le numéro d’urgence unique c’est de la simplicité pour l’usager, [et] de l’efficacité entre les services publics".

"Les centres d’appel n’échangent pas entre eux sur le plan informatique", explique-t-il. "Donc, quand un opérateur du 18 commence à saisir une adresse, qu’il appelle la police et la gendarmerie, il va devoir réexpliquer plutôt que de faire un transfert de fichier. […] Nous sommes un peu au Moyen-Age pour le travail entre les services publics."

Le Samu veut rester à l'hôpital

Pour le Dr François Braun, président de SAMU-Urgences de France, il est inenvisageable que les centres d’appels du SAMU ne soient plus hébergés dans les services d’urgences hospitaliers. "[Cette implantation] nous permet de renforcer nos équipes, d’avoir des échanges, de faire progresser nos connaissances et nos compétences."

Un "911" à la française est, selon lui, une chimère : "Les américains ont un modèle sans régulation médicale. […] La principale différence c’est que les services d’urgence américains sont trois fois plus gros que les services d’urgence français en volume et ont quatre fois plus de personnel. […] Est ce que nous sommes prêts, en France, aujourd’hui, vu la situation de l’hôpital et des services d’urgence à multiplier notre personnel par 4 et nos locaux par 3 ? Non !"

la rédaction d’Allodocteurs.fr, avec AFP