Urgences : faute de prise en charge, un homme décède sur le parking d'une clinique d'Angers

Cet événement survient dans un contexte de crise, alors que le collectif Inter-Urgences a décidé de poursuivre son mouvement de grève entamé mi-mars dans les urgences hospitalières. 120 services sont concernés en France.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image : un des bâtiments du CHU d'Angers. (cc-by-sa Emeric)
Image : un des bâtiments du CHU d'Angers. (cc-by-sa Emeric)

Le drame s’est produit le soir du 15 juin dernier. Un patient de 49 ans s’est présenté aux urgences du CHU d’Angers mais ne pouvant y être pris en charge, il a été redirigé vers la clinique de l’Anjou, rapporte France 3 Pays de la Loire. L’homme est décédé à son arrivée sur le parking de la clinique. Le parquet a ouvert une enquête pour rechercher les causes de la mort, a indiqué le 18 juin le procureur de la République d'Angers.

Manque d’effectifs

Selon l’intersyndicale du CHU d’Angers, le patient s’est présenté aux urgences avec des douleurs au cœur et accompagné d’un membre de sa famille.  Cette personne aurait insisté pour que l’homme soit pris en charge mais l’infirmière de service était seule et déjà occupée avec un autre patient. Faute de solution proposée au CHU, "la dame qui accompagnait le patient a décidé de repartir des urgences pour le conduire en voiture" vers la clinique de l'Anjou, "à l'autre bout d'Angers", à environ "15-20 minutes" en voiture, raconte à France 3 Pays de la Loire Christian Lemaire, co-secrétaire du syndicat Sud au CHU d'Angers.

Finalement, "la clinique a appelé les urgences pour dire que le patient était décédé dans son véhicule, arrivé sur le parking", précise le co-secrétaire. "On ne peut pas faire le lien de causalité entre la non prise en charge du patient à l'hôpital et son décès, ce que l'on dit simplement c'est qu'il n'a pas été pris en charge dans des délais extrêmement rapides qui auraient pu permettre de le sauver", poursuit le syndicaliste. "Il n'a pas pu être pris en charge rapidement, parce qu'il y avait un manque d'effectifs".

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Pas de signe clinique d'urgence, selon le CHU

Une autopsie a eu lieu lundi à Nantes mais les résultats ne sont pas encore connus, selon le parquet. Une porte-parole du CHU a réagi le 18 juin en indiquant qu'"à aucun moment, il n'y a eu de manifestation qui laissait à penser qu'il fallait se dépêcher pour la prise en charge". Elle a ajouté : "Il n'y avait pas de signe clinique : la personne était debout et n'était pas en sueur", a-t-elle précisé. "Si ça avait été une urgence de niveau 1, elle aurait été prise en charge immédiatement", a assuré le CHU.

De son côté, le procureur a déclaré à l'AFP qu'à ce stade, "il n'y a aucune suspicion qui permette de penser qu'il y a eu dysfonctionnement au niveau des urgences".

120 services d’urgences en grève

Cet événement survient dans un contexte de crise des urgences, alors que le collectif Inter-Urgences a voté le 17 juin la poursuite du mouvement de grève entamé mi-mars dans les urgences hospitalières. Le collectif estime à près de 120 le nombre de services concernés en France.

Le gouvernement a débloqué 70 millions d'euros pour apaiser la crise mais le collectif juge cette somme "insatisfaisante". Au regard d'un budget hospitalier global de 82 milliards d'euros pour 2019, l'enveloppe octroyée représente en effet une augmentation de "0,08%", "ce qui paraît bien peu pour répondre à la crise majeure que traversent les services d'urgences", ajoute le collectif. Il s'agit là d'un "effort", mais qui "reste bien loin" des 300 euros d'augmentation de salaire réclamés, note le collectif, qui rappelle qu'il réclame en outre 10.000 emplois supplémentaires.

Prochaines mobilisations prévues par le collectif : une "action" devant les agences régionales de santé (ARS) le 20 juin et une nouvelle "manifestation nationale" le 2 juillet.