Plan urgence pour l'hôpital : "c'est une goutte d'eau"

Renaud Péquignot, président du syndicat de praticiens hospitaliers Avenir Hospitalier, explique les raisons de sa déception. 

Lucile Boutillier
Rédigé le , mis à jour le
Plan urgence pour l'hôpital : "c'est une goutte d'eau"

Le Premier ministre Edouard Philippe et la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn ont présenté ce 20 novembre une série de mesures pour répondre à la grève des hôpitaux qui a commencé en mars. « C’est une goutte d’eau, ça ne répond absolument pas aux revendications des gens qui ont défilé le 14 novembre », regrette le Dr Renaud Péquignot, président du syndicat Avenir Hospitalier.

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Une prime pour l’Ile-de-France

Les deux ministres ont annoncé l’attribution d’une prime de 800 euros nets aux infirmières et aux aides-soignants d’Ile-de-France en regard de « la situation particulière de Paris et de la petite couronne », comme l’a expliqué Agnès Buzyn.

Renaud Péquignot n’est pas convaincu : « 800 euros par an, ça fait 66 euros par mois. Avec ça, on peut louer 1,6 mètre carré à Paris, elles vont être contentes les infirmières ! »

Résorber la dette des hôpitaux

La deuxième mesure majeure de ce plan pour les urgences, c’est la reprise par l’Etat de 10 milliards d’euros de dette des hôpitaux. Cette dette s’élève actuellement à 30 milliards d’euros.

« Pour 10 milliards, on a l’impression que le gouvernement a peiné. La fraude fiscale a augmenté de 100 milliards sous le quinquennat selon les chiffres du gouvernement », s’indigne le médecin. « Le gouvernement s’est félicité à grands renforts de ‘considérables’, de ‘sans précédents’, etc … Mais concrètement, ça n’a pas d’intérêt. Comment ça peut changer notre vie ? »

« On se moque un peu de nous »

« Nous n’avons jamais demandé la reprise de la dette, mais une augmentation des dépenses de santé. La France a une population qui augmente et vieillit, il faut donc des soins ! Nous demandons l’arrêt de la fermeture des lits et la réouverture des lits là où c’est nécessaire », déclare Renaud Péquignot.

« Nous demandons une augmentation de 300 euros sur le salaire des soignants pour rattraper les 10 ans de blocage durant lesquels l’inflation n’a pas été bloquée », ajoute-t-il.

« Cela finit par être démotivant »

Le président d’Avenir Hospitalier déplore de gros problèmes de recrutement : « On a tellement de mal à recruter, ça nous paraît tellement loin de notre quotidien ces annonces ! ». Comme l’ont constaté les ministres, l’hôpital public n’est plus du tout attractif.

« On n’en peut plus d’avoir des réponses administratives à des problèmes médicaux. Quand on nous explique qu’il n’y a pas de quoi changer l’IRM parce qu’il a fallu refaire la peinture du réfectoire, on a du mal à l’avaler », poursuit le Dr Péquignot. Selon lui, ouvrir la direction des hôpitaux aux médecins ne résoudra pas le problème car il manque déjà des médecins.

De nouvelles grèves

« Nous avons donné un rendez-vous pour manifester le 30 novembre en fonction des annonces, ainsi qu’une journée de grève massive le 17 décembre. Les internes et les praticiens hospitaliers seront en grève le 10 décembre. Notre syndicat appellera à rejoindre le mouvement du 5 décembre », résume Renaud Péquignot.

« On a tous la sensation que l’hôpital est en train d’exploser. On ne veut pas que l’hôpital meure, aucune annonce qui a été faite ne peut annuler ce mouvement de fuite des médecins hors de l’hôpital public. »