Handicap : le remboursement des fauteuils roulants d'occasion inquiète

Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2020 introduit deux nouvelles mesures impactant directement les utilisateurs de fauteuils roulants. Les personnes à mobilité réduite vont-elles devoir s’équiper avec des fauteuils de seconde main ?

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

En France, 150 000 personnes renouvellent leur fauteuil roulant chaque année, elles doivent ainsi débourser 4000 euros environ. Jusqu’à présent, l’Assurance maladie remboursait 600 euros pour tous les modèles. Mais dans le nouveau budget de la Sécurité sociale, seuls certains modèles resteraient éligibles au remboursement.

Préserver la liberté de choix du fauteuil

"Demain, si des fauteuils qui conviennent aujourd’hui à des personnes ne sont plus remboursés par l’Assurance maladie, on risque effectivement d’avoir un choix par défaut. C’est-à-dire que les personnes fassent le choix d’un fauteuil qui, lui, est encore remboursé par l’Assurance maladie et qui ne leur convienne pas", explique Malika Boubeker, conseillère nationale de l'APF France handicap. 

Par ailleurs, à l'Assemblée nationale, les députés viennent de décider lors d’un premier vote que les fauteuils d’occasion pourraient aussi être remboursés. Cette mesure inquiète l’association car elle risquerait de pousser les mutuelles à restreindre les aides sur le matériel neuf.

"Nous voulons aujourd’hui que l’on puisse garantir qu’une personne en situation de handicap ou une personne avancée en âge aura le choix entre un fauteuil neuf et un fauteuil reconditionné et qu’on lui garantisse ce libre choix, que les différents organismes, les différents financeurs qui interviendront justement dans les prises en charge de ces fauteuils ne leur imposent pas un type de fauteuil au détriment d’un autre", précise la conseillère nationale d'APF.

Déchirures musculaires, escarres... l'impact de fauteuils mal adaptés

Or, choisir un fauteuil par défaut peut avoir des conséquences graves sur la santé, s’il n’est pas adapté. Malika Boubeker rappelle ainsi qu'en situation de handicap, le fauteuil est comme le "prolongement du corps d'une personne". Elle insiste sur l'importance de bénéficier d'un fauteuil léger et maniable : "on a des adhérents qui ont d’énormes difficultés au niveau des tendons des épaules, voire des déchirures musculaires au niveau des épaules parce qu’ils manipulent des fauteuils qui sont trop lourds pour eux. Il y a également des personnes qui développent, dans un fauteuil mal adapté, des escarres.  Ce sont vraiment des situations qui peuvent avoir des conséquences dramatiques sur un état général qui est souvent déjà assez fragilisé."

Si elles sont adoptées, ces mesures concerneraient 1 million 200 000 Français. Beaucoup ne touchent que les minima sociaux pour financer leurs frais de santé.