Kinés : tout ce qu'il faut savoir sur les prix et le remboursement

Les Français sont de plus en plus nombreux à avoir recours aux kinésithérapeutes. Quels sont les tarifs ? Comment bien se faire rembourser ses séances ? Toutes les réponses à vos questions.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Entre le vieillissement de la population et le développement de la chirurgie ambulatoire (maintenant on pose des prothèses de hanche sans dormir à l’hôpital), on n’a jamais autant prescrit de soins de kiné. Les patients eux-mêmes sont de plus en plus demandeurs. Les indications sont très variées, de la simple entorse à la rééducation après un AVC  en passant par la kiné respiratoire.

Mais quel que soit le motif, le préalable indispensable pour être pris en charge par la Sécu est d’avoir une ordonnance. Il est bien sûr possible d'aller chez le kiné sans prescription, pour un massage de détente ou un traitement contre la cellulite par exemple, mais dans ce cas, aucun remboursement n'est possible.

Combien coûte une séance chez le kiné ?

Le prix dépend du motif de la séance. L’acte le plus fréquent, c’est-à-dire la rééducation d’un membre, est facturé 16,13€ mais pour certaines pathologies, cela va jusqu’à 33€ (ex : lymphœdème cancer du sein).


Sur cette somme, la Sécu rembourse à hauteur de 60%. Les mutuelles peuvent prendre en charge la différence, mais cela n’est pas systématique.
À noter aussi qu'une séance de kiné en lien avec une ALD est prise en charge à 100%.

Qui décide du nombre de séances ?

  • 1ère possibilité : le médecin précise sur l’ordonnance le nombre de séances. Dans ce cas, le kiné doit s’y conformer, quitte à ce que le patient retourne chez le médecin pour une nouvelle prescription si la rééducation n’est pas terminée.
  • 2ème possibilité : le médecin indique seulement la nature des soins dont le patient a besoin et dans ce cas, c’est le kiné qui décide du nombre de rdv nécessaires. Mais ça n’est pas illimité.

Pour la rééducation orthopédique, il y a un cadre assez strict. La Sécu a fixé un quota de séances maximales de prises en charge pour 14 situations. 

  • Pour une entorse de la cheville c’est 10 séances maximum.
  • Pour une lombalgie, jusqu’à 15.
  • Pour une blessure aux ligaments croisés, 40 maximum.

​Si avant d’atteindre cette limite, le kiné estime qu’il faut prolonger la rééducation, il doit faire une demande d’accord préalable à la Sécu et joindre un argumentaire médical. La Sécu a alors 15 jours pour répondre et si elle refuse, les séances supplémentaires ne sont pas remboursées.

Une facture plus ou moins lourde en fonction des départements

Sans surprise, c’est surtout à Paris et en région parisienne que le kiné peut coûter plus cher. La raison, c’est que certains facturent des dépassements d’honoraires. Pourtant c’est interdit, sauf exception. La réglementation dit que les dépassements ne sont autorisés qu’en cas d’exigence particulière du patient. Par exemple, si vous demandez expressément un rendez-vous à un horaire précis (8h ou après 19h) ou si vous voulez recevoir les soins dans un lieu particulier, sur votre lieu de travail ou à domicile alors que cela n’est pas justifié. Or certains kinés dérogent allègrement à cette règle et facturent des dépassements pour exigence du patient alors que le patient n'a rien exigé du tout !


On estime que plus de deux kinés parisiens sur trois en facturent. C’est entre 5 et 8€/séance en moyenne mais ça peut être plus, ce qui donne des séances à 50€. Il faut bien préciser que cela concerne une petite minorité de kinés, concentrés sur quelques départements mais cela peut coûter cher.
Le problème, c’est que c’est difficile de le savoir avant d’y aller, contrairement aux médecins. Pour connaître les tarifs précis d’un médecin, il suffit d’aller sur l’annuaire Ameli.fr. Mais pour les kinés, ça ne marche pas de la même façon. Il n'y a aucune précision sur les tarifs, c’est même trompeur puisqu’il est toujours écrit "conventionné". Cela peut faire une mauvaise surprise à l’arrivée…

Bras de fer entre la Sécu et les kiné parisiens

En 2018, la CPAM de Paris a envoyé un courrier aux kinés qui pratiquaient des dépassements abusifs pour les rappeler à l’ordre.
Ce qui n’a pas du tout plu à la profession. Les kinés disent que les tarifs conventionnels sont trop bas. Si on prend l’acte le plus fréquent, en sachant qu’une séance doit durer 30 min, ils sont payés 32€bruts/heure. L’autre argument est de dire que pour travailler efficacement, il faut du matériel qui prend de la place et que vu le prix des loyers parisiens, si le kiné ne fait pas de dépassement, il ne peut pas rentrer dans ses frais.

Selon une étude de l’UFC-Que Choisir, un kiné sur deux reçoit plusieurs patients en même temps. C’est légal mais à condition de respecter plusieurs règles.
Le kiné ne doit pas prendre plus de trois patients simultanément, la séance doit durer 30 min/personne et les malades doivent avoir un programme de rééducation homogène. Là aussi, certains kinés contournent la réglementation. Par exemple, ils prennent cinq patients à la fois ou alors ils se contentent de donner les consignes au début du rendez-vous et vous laissent faire vos exercices seul pendant qu’ils s’occupent des autres. Or quand on est livré à soi-même, cela peut jouer sur la qualité de la rééducation.
En tout cas, si vous ne vous sentez pas suffisamment encadré, soyez libre de changer de kiné. Vous devriez trouver !



 


En France, on manque de médecins, mais on pourrait bientôt avoir trop de kinés.
Leur nombre a augmenté de 60% en 15 ans et selon les projections la tendance va s’accentuer. C’est un des rares domaine de la santé où l’offre de soins augmente plus vite que les besoins !