Démission de 17 urgentistes à l'hôpital de Cayenne
Le 3 mai dernier, 17 médecins urgentistes de l’hôpital de Cayenne déposaient leur démission pour protester contre des moyens insuffisants et un manque de personnel. Leur préavis prend fin demain.
C’est une première dans un hôpital français. Le 3 mai dernier, 17 urgentistes ont posé leur démission afin de dénoncer le manque de formation, de matériel et de personnel, au centre André Rosemont à Cayenne en Guyane. Depuis 2016, 32 membres du personnel ont quitté le service et seuls 17 ont été réengagés.
Des conditions de travail pires qu'en métropole
Tout comme en métropole, ces derniers dénoncent un manque de moyens matériels et de recrutement. Certains patients sont contraints de rester sur un brancard durant des heures le temps qu’un médecin soit disponible. Cependant, la situation sur place est encore plus compliquée que dans l'hexagone puisque certains traitements courants en métropole ne sont tout simplement pas réalisables sur place, notamment concernant les infarctus.
Ainsi, l’angioplastie, le traitement recommandé et disponible partout en métropole n’est pas réalisable sur place. Une thrombolyse, traitement moins efficace et quasiment plus utilisé depuis dix ans, est réalisé par défaut. Les patients aux pathologies les plus graves, quant à eux, doivent attendre d’être transférés vers la Martinique pour recevoir des soins adaptés avec parfois jusqu’à 24h de retard. De plus, les urgences ne sont pas le seul service à souffrir du manque de moyen en outre-mer à l’image de l’hôpital de St-Georges dans lequel on ne peut pas effectuer de radio et qui « fonctionne comme un dispensaire » selon Jeanne Charbonnier, une des urgentistes démissionnaires.
"Des efforts de recrutement"
Mercredi 27 Juin, une marche de 200 personnes a été lancée afin de soutenir les 17 urgentistes démissionnaires. Des membres des « 500 frères », qui avaient participé au mouvement social qui avait paralysé la région il y a quelques mois, s’y sont ralliés.
Leurs revendications ont finalement été entendues puisque la direction commence à faire des « efforts de recrutement » afin de combler les nombreux départs. De son côté, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé que 40 millions d’euros seront accordés à l’hôpital.
Devant ces changements, les démissionnaires ont décidé de rester deux mois de plus à l’hôpital pour voir si d’autres améliorations plus conséquentes auront lieu. Toutefois, si la situation n’évolue pas, ils pourraient quitter définitivement leur poste.