Les internes appellent à une grève illimitée à partir du 10 décembre

Les internes protestent contre une mauvaise application de la réforme de l’internat de 2017.

Lucile Boutillier
Rédigé le , mis à jour le

« Notre outil de formation va mal », affirme Julien Flouriot, président du syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIHP). En plus des revendications déjà portées par le mouvement de grève des hôpitaux, les internes réclament plus de clarté sur la réforme de l'internat mise en place en 2017.

L’internat se divise en trois phases et peut durer de trois à quatre ans. La troisième phase va tomber sous le coup de cette réforme pour la première fois à la rentrée 2020. Mais selon les internes grévistes, l'application de cette réforme poserait de nombreux problèmes comme le respect du calendrier par le ministère de la Santé. 

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Retards d’algorithme

La première crainte des internes concerne leur prochaine affectation en service hospitalier. En effet, dès novembre 2020, elle passera par une plateforme « type Parcoursup », explique Julien Flouriot. « Le calendrier ne sera pas respecté », prédit cet interne en psychiatrie.

« Cette plateforme n’est pas créée, l’algorithme n’est pas du tout décidé et elle devrait être finalisée d’ici mars, sauf que d’ici là le ministère n’a pas le temps », regrette-t-il.

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Quelles responsabilités pour les internes ?

En plus de cette plateforme d'affectation, la réforme de 2017 prévoit selon Julien Flouriot une « autonomie supervisée », dont les termes restent encore à préciser. « Les internes devraient avoir un statut d'interne le jour, et de 'médecin junior’ la nuit. »

Le président du SIHP formule deux reproches à cette mesure : l’absence de revalorisation des salaires des « médecins juniors » et un manque de clarté quant aux spécificités de certaines spécialités de médecine.

« Qu’est-ce qui va relever de la responsabilité de l’interne ? En psychiatrie, est-ce qu’il pourra décider de l’hospitalisation forcée d’un patient ? En biologie, est-ce qu’il pourra valider des échantillons ? Il s’agit de déterminer si un patient est malade ou pas, c’est une lourde responsabilité. »

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La question des remplacements

Parallèlement, les remplacements de médecins titulaires seront limités. « Auparavant, il était possible d’effectuer des remplacements rémunérés après un an et demi d’internat. Maintenant, il faut attendre la dernière année d’internat. Cela repousse notre possibilité d’auto-financement d'au moins six mois, voire un an et demi pour certaines spécialités », regrette Julien Flouriot.

Les internes se servaient de cet argent pour financer leurs diplômes universitaires, selon lui. "Cette pratique est très répandue, certains de ces diplômes sont même obligatoires. » 

Le président du SIPH l’assure : la grève ne devrait pas avoir d’impact sur la continuité des soins en hôpital.