Les hôpitaux de Strasbourg mis en cause pour leur prise en charge des AVC

Des patients se mobilisent à Strasbourg pour dénoncer des dysfonctionnements dans la prise en charge des victimes d'accidents vasculaires cérébraux aux hôpitaux universitaires (HUS), selon les informations de leur avocat confiées à l'AFP. Mais la direction du CHU réfute ces accusations.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Entretien avec le Pr Christian Marescaux, responsable de l'unité neurovasculaire au CHU Hautepierre/Strasbourg - Photo : © bunyos - Fotolia.com
Entretien avec le Pr Christian Marescaux, responsable de l'unité neurovasculaire au CHU Hautepierre/Strasbourg - Photo : © bunyos - Fotolia.com
Pr Christian Marescaux
Pr Christian Marescaux

Une association de patients en colère a été constituée, et une plainte contre X déposée pour "négligence", "imprudence" et "mise en danger délibérée de la vie d'autrui", a précisé à l'AFP, Me Geneviève Folzer. Une autre plainte est en préparation, a-t-elle ajouté. "Il se passe des choses très graves dans cet hôpital, et nous demandons la désignation d'un juge d'instruction pour enquêter sur ces faits", a-t-elle dit à l'AFP.

Selon une enquête publiée jeudi 30 janvier 2014, sur le site internet Mediapart, l'hôpital universitaire de Strasbourg a déjà fait l'objet de trois plaintes de patients suite à de graves séquelles après un accident vasculaire cérébral (AVC) diagnostiqué tardivement. L'enquête de Mediapart démontre la difficulté pour le service des urgences d'obtenir un examen IRM, car les équipements sont occupés par des malades non hospitalisés ou par les clientèles privées de certains radiologues.

Des heures d'attentes pour un IRM

Dans un communiqué publié vendredi 31 janvier 2014, en réponse à cette enquête, la direction des HUS (hôpitaux universitaires de Strasbourg) a réfuté les accusations. "L'unité neuro-vasculaire des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg est aujourd'hui parmi les plus performantes de France", a assuré le directeur général du CHU, Jean-François Lanot.

L'association de patients, Optim'AVC, affirme pourtant que les patients strasbourgeois présentant les signes d'un accident vasculaire cérébral doivent parfois patienter des heures, voire des jours, avant de pouvoir bénéficier d'un examen IRM (imagerie par résonance magnétique).

Les Urgences ne sont pas privilégiées

Selon Vanessa Ruhlmann, la présidente de cette association, ce problème est dû au fait que les équipements IRM sont réservés, sur certains créneaux horaires, à des examens non urgents pratiqués par des radiologues dans le cadre de leur activité libérale.

Or, selon les spécialistes, la prise en charge immédiate des AVC est indispensable pour réduire la mortalité et les handicaps liés à cette pathologie qui touche une personne toutes les quatre minutes en France.

Dans son communiqué, la direction de l'hôpital a nié toute difficulté dans l'accès d'urgence aux IRM. Elle cite à ce propos un indicateur mis en place par la Haute autorité de santé (HAS), selon lequel les patients accueillis à Strasbourg en 2012 ont dû en moyenne patienter 38 minutes avant d'accéder à une IRM, contre 2h05 au niveau national. A l'hôpital de Hautepierre de Strasbourg, une IRM mise en service en 2011 donne "la priorité absolue à l'accueil des urgences", affirme la direction.

Une nouvelle plainte à venir

Me Folzer s'apprête pourtant à déposer plainte pour le cas d'un patient de 60 ans, victime d'un AVC en mars2013  dont il a gardé d'importantes séquelles, et qui a dû patienter trois semaines avant que sa pathologie ne soit diagnostiquée par IRM.

Selon Mediapart, seul le Pr Christian Marescaux, neurologue à Strasbourg, accepte de dénoncer publiquement ces dysfonctionnements. "Certains médecins ne veulent pas se laisser envahir par l'urgence, ils ont des préoccupations plus nobles", a-t-il déclaré à Mediapart.

Sollicité vendredi par l'AFP, M. Marescaux a indiqué que la direction de l'hôpital lui avait "intimé" de ne plus répondre à la presse.

Le Pr Christian Marescaux était l'invité du journal du Magazine de la Santé, présenté par Marina Carrère d'Encausse et Benoît Thévenet, le lundi 3 février, à 13h40, sur France 5.

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