Erreur médicale en téléconsultation : plainte pour homicide involontaire

La famille d'un homme de quarante ans, atteint d’un cancer et décédé en avril 2020, a porté plainte pour « homicide involontaire » après une « erreur médicale grave » en téléconsultation.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Erreur médicale en téléconsultation : plainte pour homicide involontaire

En avril 2020, sept jours après une téléconsultation qui n’aurait pas établi le bon diagnostic, un homme aurait trouvé la mort. Sa famille a porté plainte ce 26 avril pour homicide involontaire, et souhaite lancer un débat sur la télémédecine.

L'avocat de la famille, Me Hervé Gerbi, dénonce une "erreur médicale grave" à la suite d'un "interrogatoire (à distance) incomplet" de la médecin vis-à-vis du patient, un homme de 40 ans atteint d'un cancer et d'une importante obésité.

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Un « champignon sur la langue »

Le 20 avril 2020, en plein confinement à cause du Covid-19, Jean-Christophe Allemand déclare via écran interposé "une soif abondante, une langue blanche et une fatigue depuis plusieurs jours", a expliqué ce 26 avril l'avocat lors d'une conférence de presse, aux côtés de la mère et de la compagne de la victime.

La médecin diagnostique un "champignon sur la langue, quelque chose d'assez banal", mais les symptômes se poursuivent et le 27 avril, sa compagne Elise David le retrouve quasi inconscient chez lui.

Il décède le lendemain à l'hôpital de Grenoble "d'une banale décompensation diabétique", ce qui se détecte "avec une simple prise de sang", assure Me Gerbi. 

« Un mauvais diagnostic »

Le jour même du décès, le père de Jean-Christophe - décédé depuis - écrit au président de la République pour signaler la mort de son fils "suite à un mauvais diagnostic" qu'il relie directement à la téléconsultation.

L'issue aurait-elle été différente avec une consultation en cabinet ? La famille en est convaincue. Les questions de la praticienne, qui n'était pas son médecin traitant, étaient "très centrées sur les symptômes du Covid-19", se souvient sa compagne, qui a assisté à la téléconsultation.

Me Gerbi regrette "un décès stupide" car les symptômes d'un diabète, qui n'avait pas été diagnostiqué auparavant, étaient selon lui facilement identifiables. Il a donc déposé plainte ce 26 avril pour homicide involontaire contre X au nom de la famille, car la crise sanitaire "ne peut pas être un parapluie juridique pour une erreur médicale ».

La téléconsultation en question

"Au-delà de ce décès se pose la question de l'usage de cette téléconsultation", qui a été généralisé mais qui n'est "pas valable pour tous les patients", poursuit-il.

La plainte "doit permettre aux médecins de se saisir de la question", espère Me Gerbi, qui appelle le Conseil de l'ordre à lancer le débat sur la pertinence de cette pratique.

En 2020, 19 millions d'actes médicaux à distance ont été remboursés par la Sécurité sociale, contre à peine 320.000 sur les 18 mois précédents, au début du remboursement de cette pratique.