Maltraitance en crèche : "On ne donne pas à boire aux enfants, comme ça on change moins les couches"
L’Inspection générale des affaires sociales (Igas) publie un rapport qui dénonce des maltraitances envers les enfants au sein de nombreuses crèches. Une situation délétère pour la sécurité et l'éveil des plus petits.
La qualité d'accueil est "très disparate" dans les crèches, un secteur où se côtoient le meilleur comme le pire, s'alarme l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) dans un rapport publié mardi 11 avril. Celle-ci appelle à de profondes réformes pour mieux prévenir les maltraitances aux enfants, rapporte l'AFP.
Au côté des crèches "de grande qualité, portées par une réflexion pédagogique approfondie", on trouve aussi "des établissements de qualité très dégradée", ce qui peut entraîner "des carences dans la sécurisation affective et dans l'éveil" des tout-petits, soulignent les auteurs de ce rapport.
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36 établissements visités
Les inspecteurs ont été missionnés par le gouvernement après la mort d'un bébé de 11 mois dans une crèche privée à Lyon en juin dernier, une affaire dans laquelle une salariée a été mise en examen, soupçonnée d'avoir fait ingérer à l'enfant un produit caustique.
Ils se sont rendus dans 36 établissements publics et privés à travers la France, ont diffusé un questionnaire auquel ont répondu 5 275 directeurs, 12 545 salariés de crèches et 27 671 parents.
Beaucoup des adultes interrogés ont ainsi décrit des situations s'apparentant à de la maltraitance, soulignent les auteurs, évoquant des enfants oubliés sur les toilettes, privés de sieste faute de lits en nombre suffisant, ou au contraire laissés en pleurs jusqu'à ce qu'ils s'endorment.
Couches souillées, insultes, cheveux tirés...
Selon l'AFP, d'autres témoignages font état d'enfants à qui on ne donne pas à boire, "comme ça, on change moins les couches", que l'on laisse trop longtemps dans leur couche souillée, que l'on humilie ou insulte ("tu chouines pour rien", "tu sens mauvais"...), que l'on nourrit de force en leur pinçant le nez pour qu'ils ouvrent la bouche, ou même que l'on maltraite physiquement en leur tirant les cheveux ou en les attachant à un radiateur.
Face à ces constats, "l'ensemble des recommandations" de ce document seront prises en compte, a assuré mardi dans un communiqué le ministre des Solidarités, Jean-Christophe Combe, qui souhaite "agir rapidement", souligne l'AFP.
Rendre le métier plus attractif
Le ministre devrait annoncer des mesures dans le courant du printemps, dans le cadre du "service public de la petite enfance" promis par le président Macron : ce chantier a une dimension quantitative, avec la création nécessaire de davantage de places, mais aussi une dimension qualitative, a souligné l'entourage de M. Combe.
Pour l'Igas, rehausser la qualité de l'accueil doit passer par un renforcement des contrôles, un relèvement des taux d'encadrement et du niveau de qualification des professionnels, mais aussi par un mode de financement des établissements conditionné à des objectifs de qualité.
Les rapporteurs soulignent également la nécessité de remédier au manque d'attractivité des métiers de la petite enfance, "facteur aggravant autant que symptôme" des difficultés à bien accueillir les enfants.