Suicide en direct sur Periscope : existe-t-il un risque de "contagion" ?

Une jeune femme de 19 ans a filmé et diffusé en direct son suicide sur Periscope, une application de vidéos pour smartphone. Elle s'est jetée, téléphone en main, sous une rame de RER. Quelques heures avant, elle avait mis en ligne plusieurs vidéos pour attirer l'attention des internautes avec ces mots : "Ce qui va se passer risque d’être très choquant".

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Image : Flickr / Jim Makos - Vidéo : entretien avec Michaël Stora, psychologue psychanalyste
Image : Flickr / Jim Makos - Vidéo : entretien avec Michaël Stora, psychologue psychanalyste

Interview de Michaël Stora, psychologue et fondateur-président de l'Observatoire des mondes numériques en sciences humaines (OMNSH)

  • Les applications de vidéos en direct pour smartphone peuvent-elles favoriser les passages à l'acte ?

Michaël Stora : "Ce qui est assez violent, c'est la question du direct. Cela peut favoriser des passages à l'acte aussi bien agressifs qu'auto-agressifs parce qu'il n'y a pas de travail de modération, un peu comme dans la télé-réalité où l'on sait que c'est un faux direct pour prévenir toutes sortes de conduites à risque."

  • Peut-il y avoir un effet de "contagion" ?

Michaël Stora : "La question de la contagion suicidaire sur la toile est très complexe. Ce qui est évident c'est qu'il y a l'idée d'une mise en scène, terrible, que l'on retrouve normalement dans les psychoses maniaco-dépressives où l'on sait que ce suicide est comme une libération. Pour qu'il soit reconnu, il faut qu'il soit vu par le plus grand nombre. Je ne suis pas sûr que cet événement crée une contagion suicidaire mais par contre, tout adolescent qui lui-même est dans cette propre fragilité pourra utiliser cette application pour mettre en scène son propre suicide."

  • Faut-il légiférer sur ces réseaux sociaux ?

Michaël Stora : "Lorsqu'Internet est apparu, on a vu un espace de liberté d'expression et ce que l'on est en train de découvrir petit à petit, c'est que cette liberté est inquiétante. La liberté n'existe que parce qu'il y a un cadre. Le cadre juridique commence à exister mais se pose la question de la responsabilité civile, éthique, voire morale, des personnes qui créent des applications pour les adolescents, qui sont une population fragile. 

"Ceux qui ont vu ce suicide en direct doivent être sidérés et vont sans doute très mal donc c'est très dangereux. Il faut que Periscope arrête ce principe du direct."