Coronavirus : une possible propagation par la parole

Les gouttelettes de salive émises dans l’air lors d’une discussion pourraient suffire à transmettre le virus du Covid-19. Ces gouttelettes resteraient dans l’air d’un espace clos plus de 10 minutes, selon une nouvelle étude.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / Billion Photos

Peut-on transmettre le coronavirus simplement lors d’un échange de parole ? Cette voie de transmission serait tout à fait possible, selon une nouvelle étude publiée le 13 mai 2020 dans la revue scientifique PNAS.

Les chercheurs de l’institut national de la santé à Philadelphie (Etats-Unis) à l’origine de ces travaux y soulignent le rôle probable des microgouttelettes dans la pandémie de Covid-19. Selon eux, les gouttelettes de salive générées par la parole peuvent en effet rester suspendues dans l'air d'un espace fermé pendant plus de dix minutes.

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Des milliers de gouttellettes

Tout est parti d’une question : si les scientifiques savent depuis longtemps que les gouttelettes émises par la toux ou les éternuements peuvent transmettre des virus respiratoires, qu’en est-il des microgouttelettes produites lorsque l’on parle ? Car "parler normalement produit également des milliers de gouttelettes de salive de taille variée » rappellent les chercheurs dans leur étude.

Pour le SARS-CoV-2, des études précédentes ont montré que "des charges virales élevées ont été détectées dans la salive de patients atteints du Covid-19, y compris des patients asymptomatiques" rappellent les scientifiques. Reste à savoir si le simple fait de parler libère des gouttelettes potentiellement porteuses du virus dans l’air.

Dans l’air pendant 12 minutes

Pour le savoir, les chercheurs ont installé une personne dans un box fermé à l'intérieur duquel un laser était projeté. Ils ont demandé à cette personne de répéter, avec une voix forte, la phrase "Stay healthy" (portez-vous bien) pendant 25 secondes. Chaque gouttelette de salive émise traversait le laser de façon visible, ce qui permettait de quantifier leur nombre au fil du temps. Résultat : les gouttelettes sont restées dans l'air en moyenne 12 minutes.

Et, en prenant en compte la concentration connue du coronavirus dans la salive, les scientifiques estiment qu'une parole forte peut générer l'équivalent par minute de plus de 1.000 gouttelettes contaminées capables de rester en suspension dans l'air pendant huit minutes ou plus, dans un espace fermé. Plus les gouttelettes sont petites, plus elles restent longtemps en suspension dans l'air, tandis que les plus lourdes, par l'effet de la gravité, vont retomber plus vite au sol.

Porter un masque et parler moins fort

"Cette visualisation directe démontre que la parole normale génère des gouttelettes dans l'air qui peuvent rester en suspension pendant des dizaines de minutes ou plus, et sont éminemment capables de transmettre une maladie dans un espace confiné", concluent les chercheurs.

Confirmer le niveau de contagiosité de Sars-Cov-2 par la parole, et pas seulement par des postillons ou des gouttelettes de salive tombées sur des interrupteurs, des rampes ou des poignées de portes, pourrait aider à expliquer la forte contagiosité du virus.

La solution, pour limiter cette transmission ? Porter un masque, même pour discuter et baisser le volume de nos conversations. En effet, dans des travaux publiés en avril dans la revue NEJM, la même équipe avait observé que parler moins fort engendrait relativement moins de gouttelettes.