Le plan "addictions" du gouvernement ne prévoit aucune augmentation du prix de l'alcool

L’interdiction de la vente de tabac et d'alcool aux mineurs sera mieux respectée, mais aucune hausse du prix de l'alcool n’est prévue, ce que regrettent les associations. 

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

"Chaque année, le tabac et l'alcool sont responsables du décès respectivement de 73.000 et de 49.000 personnes. Ces chiffres ne sont pas acceptables", estime le Premier ministre Edouard Philippe en guise d'introduction au nouveau plan addictions, publié le 8 janvier. Le document, pensé par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), comprend six grands axes et 200 mesures. Parmi elles, la volonté la volonté de faire mieux respecter l'interdiction de la vente de tabac et d'alcool aux mineurs via des contrôles, ou l'amende forfaitaire pour usage de drogues. Mais aucune augmentation du prix de l'alcool n’est prévue, au grand désespoir des médecins et des associations anti-alcoolisme, qui affirment que c’est une des seules mesures qui puisse permettre de réellement lutter contre l’alcoolisme.

Autre éléments jugés nocifs par ce nouveau plan gouvernemental : les écrans et les jeux vidéos quand ils sont utilisés de manière intensive. Le plan prône par ailleurs la poursuite de l'expérimentation des salles de shoot pour les usagers d'héroïne. Il "envisage" même l'ouverture de nouvelles salles.

Des réactions mitigées de la part des associations

Du côté de la Fédération addiction, un réseau d'addictologie qui regroupe plus de 200 associations, la déléguée générale Nathalie Latour estime que "globalement, le contenu du plan est cohérent, intéressant", même s'il n'y a "pas de mesure flamboyante". Selon elle, ce plan reste "très technocratique", et l’absence de hausse des prix de l’alcool est regrettable.

Des décisions qui font écho à l’annonce, le 27 juin dernier, de la future participation des trois filières de l'alcool au plan national de santé publique. La filière viticole a en effet indiqué compter investir 2 millions d’euros dans ce plan, quand les brasseurs et le secteur des spiritueux ont annoncé participer à hauteur de 3 millions d’euros. A l’époque, le psychiatre et président du Fonds Actions Addictions Michel Reynaud s’inquiétait. Selon lui, les seules méthodes qui fonctionnent en matière de prévention contre l’alcoolisme sont le contrôle de la vente aux mineurs et la fixation d’un prix minimum à l’unité. Au final, seule l’une de ces deux mesures a été retenue. "Les lobbies éliminent les stratégies qui ont fait leurs preuves", déplorait-il.

La publication du plan avait été reportée pendant plusieurs mois, et celui-ci n’a pas été porté publiquement par l'ensemble du gouvernement. "Il manque d'incarnation politique", tranche Nathalie Latour.