Démission du ministre de la Santé tunisien après le décès de 11 bébés

Les nourrissons sont morts dans une grande maternité de Tunis entre le 7 et le 8 mars, "probablement" à cause d’un "choc septique", selon le gouvernement.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Démission du ministre de la Santé tunisien après le décès de 11 bébés
© Photo on Foter.com

Coup de tonnerre au sein du gouvernement tunisien. Abderraouf Chérif, ministre de la Santé, a remis sa démission au Premier ministre Youssef Chahed le 9 mars. En cause : le décès de 11 nouveau-nés entre le 7 et le 8 mars dans une grande maternité publique de Tunis. Ces morts à la chaîne, révélatrices du délabrement du système de santé publique tunisien, ont entraîné une vague d’indignation dans tout le pays. Le 10 mars, le ministère de la Santé a indiqué que les décès avaient "probablement" été causés par un "choc septique" dû à une infection du sang. "Les responsables de tout manquement seront poursuivis", a déclaré Youssef Chahed. Une enquête sanitaire et une enquête judiciaire ont été ouvertes.

Des images de parents avec le corps de leur enfant dans des cartons usagés

"Les éléments de l'enquête [sanitaire] en cours s'orientent vers une infection nosocomiale sévère, dont le point de départ est un produit d'alimentation parentérale", c'est-à-dire administré par sonde gastrique, a précisé la Société tunisienne de pédiatrie dans un communiqué publié sur Facebook. "Il y aura des réunions la semaine prochaine avec toutes les structures du secteur de la santé pour évaluer tous les problèmes", a réagi Youssef Chahed dans une vidéo diffusée par ses services.

Les 11 nouveau-nés étaient internés à la maternité de la Rabta, qui fait partie d'un important complexe hospitalier de la capitale. Les images de parents quittant l'hôpital avec le corps de leur enfant dans des cartons usagés ont choqué l'opinion tunisienne. La presse s’est aussitôt emparée du sujet : le quotidien national Essafa, notamment, a dénoncé à sa une du 10 mars un "crime d'Etat".

Le gouvernement accusé de faire des économies dans un secteur "mourant"

Il y a plusieurs mois déjà, le président de la Société tunisienne de pédiatrie, Mohamed Douagi, avait alerté sur sa page Facebook de la situation de la maternité de la Rabta, qui gère selon lui 15.000 naissances par an. Un service de réanimation néonatale s'est retrouvé avec "la seule chef de service et ses deux assistantes", après un départ de médecins, avait-il souligné, accusant le gouvernement de chercher à faire des économies dans un secteur "mourant".

La Tunisie, qui a promis au Fonds monétaire international de diminuer son déficit budgétaire, peine à réorganiser des services publics qui périclitent. Résultat : de nombreux praticiens quittent le pays, à la recherche de meilleures conditions de travail. "Des mesures de prévention et de traitement ont été prises afin d'éviter d'autres victimes" et de "s'assurer de l'état de santé des autres bébés de la maternité", a indiqué le 9 mars le ministère de la Santé, sans préciser le nombre de nouveau-nés infectés.