Grève des généralistes : "Le seul moyen pour que les choses changent est de fermer nos cabinets"

Le mouvement Médecins pour demain appelle à la grève des généralistes les 1er et 2 décembre. Ils demandent une revalorisation de leurs honoraires à 50 euros pour "mieux soigner leurs patients".

Mathieu Pourvendier
Rédigé le , mis à jour le
L'actu - Les généralistes réclament une revalorisation des consultations
L'actu - Les généralistes réclament une revalorisation des consultations  —  Le Mag de la Santé - France 5


"Donnez-nous les moyens de mieux vous soigner demain !", voici le slogan du mouvement Médecins pour demain qui appelle à la grève nationale les 1er et 2 décembre. Et si nécessaire à une grève supplémentaire du 26 décembre au 8 janvier 2023. Ce collectif, né d'un groupe Facebook créé fin août 2022, réunit désormais plus de 14 000 membres autour d'un même constat : les généralistes souffrent actuellement d’observer la médecine se détériorer au point de ne pas pouvoir soigner correctement.

Passer plus de temps avec chaque patient

Que demande ce mouvement de médecins généralistes ? Tout d'abord une revalorisation de leurs honoraires, en doublant le prix de la consultation de 25 à 50 euros. Un chiffre aligné sur le prix moyen des consultations de médecins généralistes en Europe, qui est de 46 euros. 
Pour le collectif, si l’état investit dans la médecine générale, les médecins pourront eux-mêmes investir dans des locaux et embaucher des assistants médicaux. Ce qui leur permettra de "diminuer le temps administratif au profit du temps clinique" confie le collectif dans une lettre aux patients

Autrement dit, de passer davantage de temps avec les patients, de mieux les soigner et de rendre le métier plus attractif.

Dans leurs revendications, les soignants s’opposent également à l’imposition des médecins libéraux et spécialistes dans des zones sous dotées et à l’ajout d'une 4e année d'internat de médecine générale

"On se heurte à un mur"

Mais pour l'heure, ces revendications ne sont pas entendues. "L’expérience a montré que nos syndicats n’obtiennent rien. On se heurte à un mur. On propose des solutions, mais on n’est pas écouté" déplore Christelle Jacqueroud Audigier, médecin généraliste à l’origine du mouvement. Ces médecins se sentent "peu considérés". Pourtant, la médecine générale de ville réalise 90 % des soins. Alors, pour la représentante du mouvement, la grève est la seule solution pour se faire entendre : "Le seul moyen de montrer que nous voulons que les choses changent est de fermer nos cabinets".       

Le mouvement de grève est soutenu par tous les syndicats de médecins libéraux et c’est une première. La "température (du mouvement) est bonne" explique le docteur Jérôme Marty, président de l’Union française pour une médecine libre (UFMLS). Cette grève est nécessaire selon celui-ci, après "30 ans d’abandon totale de médecine de ville" par les dirigeants français.

À lire aussi : L'Île-de-France, le premier désert médical du pays

Deux semaines de grève après Noël ?

La grève du 1er et 2 décembre aura pour objectif de montrer au gouvernement "que les médecins s’unissent sous des revendications claires" selon Christelle Jacqueroud Audigier. Ensuite, viendra un temps de discussion. Et "si le gouvernement reste ferme sur ses positions", le collectif a prévu une grève dure entre le 26 décembre et le 8 janvier 2023. Pourquoi un tel délai entre les deux grèves ? Cela correspond, pour la généraliste, au temps pour les médecins "de s’organiser avec leur patientèle par rapport aux maladies chroniques qui nécessitent des suivis".

Pour le moment, le collectif est pessimiste sur l'effet de la grève du 1er et 2 décembre. Ses membres "rêveraient d’avoir la réponse à leurs questions et un oui à toutes leurs revendications". " Mais je ne suis pas naïve" déclare Christelle Jacqueroud Audigier. Même constat pour le docteur Jérôme Marty, qui reste réaliste en indiquant que ces réclamations seront peut-être prises en compte dans trois ou quatre ans.

Médecins pour demain espère en tout cas jouer un rôle pendant les discussions, même si l’avenir du collectif est incertain. "Nous ne sommes pas un syndicat" rappelle Christelle Jacqueroud Audigier. Pour l’instant, il s’agit d’un regroupement qui veut se faire entendre et dont l'enjeu est de redonner aux médecins la possibilité de "revoir de l'avenir dans leurs métiers".

Réforme du système de santé : les internes en colère  —  Le Magazine de la Santé