Cancer du sein : se reconstruire après la maladie grâce au water-polo

Pendant quatre mois, 15 femmes récemment sorties de leur traitement contre le cancer du sein ont suivi un entraînement intensif de water-polo. Une expérience innovante pour les aider à tourner la page de la maladie. Reportage.

Adèle Le Canu
Rédigé le
Du water-polo pour mieux vivre après un cancer du sein
Du water-polo pour mieux vivre après un cancer du sein  —  Le Mag de la Santé - France 5

Le Cercle des Nageurs de Marseille est le temple de la natation de haut niveau. Des médaillés olympiques se sont entraînés ici. Mais aujourd'hui se tient au bord du bassin une équipe pas comme les autres.

Aurélie, Karyne, Sophie… Toutes ces femmes ont eu un cancer du sein. Les traitements les plus lourds sont derrière elles. Ce matin, elles sont avant tout des joueuses de water-polo.

Un sport très exigeant

Ce programme mis en place par des chercheurs a pour but de mesurer les bénéfices d’un sport pratiqué à haut niveau. Pendant quatre mois, ces femmes ont été coachées par des entraîneurs professionnels, anciens joueurs de l’équipe de France de water-polo.

Ils ne font pas de cadeau, les joueuses n’ont pas le choix, il faut s’accrocher. "C'est un sport qui est très exigeant parce que ça demande beaucoup d'entraînement déjà pour maîtriser ces déplacements, toutes les techniques de nage, de maintien à la verticalité. Ce sont beaucoup d'entraînements pour la maîtrise, avant de pouvoir prendre du plaisir dans le jeu", explique Quentin Chipotel, entraîneur au Cercle des Nageurs de Marseille.

Un sentiment de compétence

Pendant ces entraînements, ces femmes, âgées de 38 à 62 ans, ont noué des liens forts, unies par la lutte contre la maladie. "La famille, c’est bien beau, ils nous voient de l’extérieur, ils ont de la peine… mais là, on est toutes pareilles. On sait par quoi on est toutes plus ou moins passées donc on arrive à se comprendre, sans même le dire. Il n'y a pas de mots, pas d'explications, on est là, on se comprend", confie Sophie, 58 ans.

Elles ont appris ensemble un des sports collectifs les plus durs physiquement. Le water-polo mobilise tout le corps et demande des actions explosives avec des temps de récupération très courts. Les chercheurs n’ont pas choisi ce sport par hasard.

"Le fait que ce sport soit réputé comme étant un sport difficile a été d'autant plus important pour elles parce que ça a encore augmenté leur sentiment de compétence. Elles ont réussi, après un traitement de cancer qui est très lourd, elles se sont démontrées qu'elles étaient capables de faire un sport difficile", commente Sarah Calvin, maître de conférence au laboratoire Management Sport Cancer de l'université Aix-Marseille.

"Je suis passée du statut de malade à celui de sportive"

Grâce à des entretiens et des questionnaires, les chercheurs ont évalué les bénéfices de cette pratique sportive de haut-niveau sur le moral des patientes et sur leur capacité à se réinsérer socialement après la maladie.

"Le programme aquapolo a dépassé nos attentes de chercheurs puisque le water-polo adapté a eu des effets positifs, notamment psychologiques", poursuit Sarah Calvin.

Pour Karyne, la numéro 10, le water-polo a été un nouveau départ. "Avec ce projet, je suis passée du statut de malade à celui de sportive et ça, c'est le début du retour à la vraie vie", confie la joueuse de 53 ans.

Les chercheurs ont également constaté des bénéfices physiques. Ils envisagent déjà de décliner le programme "aqua-polo" dans d’autres disciplines.