Le "sport sur ordonnance", bientôt une réalité !
Et si en plus d'une prescription de médicaments, votre médecin inscrivait "séance de sport"… Cette situation sera bientôt une réalité ! La mesure, prévue dans la loi de santé, a été adoptée par les députés cette semaine. A l’Hôpital Foch de Suresnes, les patients atteints d’un cancer se voient prescrire des séances de sport avant une opération chirurgicale. Les explications du Dr Nicolas Barizien, médecin du sport et rééducateur. En tant que chef du service de médecine physique et réadaptation, il pilote l’expérimentation à l'hôpital Foch de Suresnes.
- Quels sont les bénéfices attendus pour les patients ?
Dr Nicolas Barizien : "Ils sont très importants puisque l’activité physique permet de limiter le nombre et l’importance des complications post-opératoires, en particulier chez les patients relativement fragiles. Chez les patients atteints de cancer, c'est souvent le cas avec de la dénutrition, du déconditionnement… C'est une prise en charge multidisciplinaire. On va préparer le patient pour son opération comme on va préparer un sportif pour une compétition."
- Le programme sportif est-il adapté à chaque cas ?
Dr Nicolas Barizien : "Oui, il est adapté à chaque cas. Tout commence avec une recommandation du chirurgien qui va dire "voilà, je vais vous opérer dans 4, 5 semaines et vous allez faire ce qu’on appelle de la préhabilitation". On reçoit alors le patient à plusieurs. Un kiné fait une évaluation de ses capacités articulaires. Une diététicienne fait un bilan de son état nutritionnel, pour voir s’il a besoin de perdre du poids ou au contraire de prendre de la masse musculaire… A-t-il besoin de contrôler son diabète, son hypertension, son cholestérol… Une psychologue cherche à savoir comment il vit tout ça et va lui donner des solutions pour se relaxer. Un médecin fait une synthèse et tout ça débouche sur une prescription d’activité physique."
- Le "sport sur ordonnance" devient très tendance. On en parle de plus en plus. Est-ce que cela va vraiment se généraliser ?
Dr Nicolas Barizien : "C'est très tendance parce qu'on a des études très importantes qui sont menées depuis plus d’une dizaine d’années et qui montrent l’impact bénéfique de l’activité physique chez les patients. C’est vrai en particulier pour toutes les maladies chroniques que sont les maladies de la sédentarité : obésité, maladies cardiovasculaires, diabète, accidents vasculaires cérébraux et aussi cancers. On prescrit déjà en France de l’activité physique après une pathologie sévère. Mais là, l’idée est de ne pas faire simplement du traitementn mais aussi du préventif."
- Qui paye ces séances d'activité physique?
Dr Nicolas Barizien : "Aujourd’hui, les patients qui sont pris en charge, ce sont tous les patients en affection de longue durée. Ils sont pris en charge à 100%. Ce qu'on souhaiterait, c'est généraliser les choses. Pour cela, dans l’article de loi sur le sport sur ordonnance, il y trois items. Premièrement, on reconnaît la prescription d'activité physique au médecin. Deuxièmement, on labellise les structures sport et santé qui vont accueillir les patients. Et puis, on inscrit dans le cursus des médecins et des paramédicaux une formation à la prescription d'activité physique."