Souffrance au travail : un numéro pour les soignants

Des rythmes toujours plus soutenus, des conditions de travail jugées toujours plus dégradées… Les soignants sont à bout. 90 % d’entre eux se disent épuisés physiquement ou moralement. Face à cette fatigue extrême, beaucoup de soignants se retrouvent en situation de détresse. Ils sont même 1 sur 2 à être touchés par le burn-out ou la dépression. Il y a deux ans, l’association « Soins aux professionnels en santé » a lancé une plateforme téléphonique nationale. Les soignants peuvent maintenant appeler le 0 805 23 23 36 et s’entretenir gratuitement avec un psychologue.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Comme Nathalie, 1 infirmier sur 10 a parfois des pensées suicidaires
Comme Nathalie, 1 infirmier sur 10 a parfois des pensées suicidaires

"J'ai pris le fil du téléphone et je l'ai passé à mon cou"

Nathalie est infirmière depuis 25 ans. Ce métier était son rêve d’enfant. Mais l’hôpital finit par l’user. Elle ne s’entend ni avec sa hiérarchie, ni avec ses collègues. Pendant des années, la tension monte et le mal-être devient quotidien… Jusqu’à un premier burn-out en 2016. Elle raconte : « J’avais une très grande fatigue, je ne dormais plus. Je ne savais plus qui j’étais, je ne savais plus pourquoi je faisais le travail que je faisais. Tout le sens de mon travail avait disparu. J’avais l’impression que je ne pouvais plus rien apporter aux patients…»

L’infirmière est arrêtée près d’un an. A son retour, les rapports avec ses collaborateurs se dégradent un peu plus… En mars dernier, une violente dispute éclate avec son supérieur. Elle a alors des idées suicidaires. « Ca a été un coup de poignard, une décharge monstrueuse… Je ne sais pas … de 200 000 volts. Et j’ai pensé : jamais j’arriverai, jamais j’arriverai à me faire entendre. C’est pas possible. Et là, j’étais dans une pièce, toute seule, et j’ai pris le fil du téléphone et je l’ai passé autour de mon cou », raconte la jeune femme. Interrompue par une collègue, Nathalie est ensuite prise en charge.

Comme elle, 1 infirmier sur 10 a parfois des pensées suicidaires. Le personnel soignant souffre et les témoignages se multiplient. Ces souffrances, les soignants peuvent aujourd’hui les exprimer. Un numéro leur permet de joindre un psychologue jour et nuit, 7 jours  sur 7. Une écoute aguerrie et un coup de fil anonyme et gratuit qui peut être salvateur.

L’un des psychologues à l'autre bout du fil raconte : « Quand elles appellent, ces personnes sont en attente d’une écoute. Il y a un vrai besoin de verbaliser ce qu’elles ont vécu et ressenti. Le ressenti est aussi extrêmement important. Ils ne peuvent plus garder tout en eux. Ils ont besoin un moment, comme on dit très concrètement, que la cocote minute s’ouvre un petit peu et donc nous sommes là pour ça. » Il  propose toujours au soignant un suivi, de rencontrer un confrère ou un médecin à proximité de son domicile.  

Créé il y a deux ans par l’association Soins aux professionnels en santé, ce numéro vert a très vite été utilisé par les soignants … avec parfois près de vingt appels par jour.

En tout 3000 personnes ont déjà appelé le numéro