Condamnation du viticulteur anti-pesticides
Le tribunal de grande instance de Dijon a rendu sa décision à l'encontre d'un viticulteur bio de Côte-d'Or refusant de traiter ses ceps contre la cicadelle, insecte vecteur de la bactérie responsable de la flavescence dorée (maladie de la vigne).
Emmanuel Giboulot, qui exploite dix hectares en Côte-de-Beaune et Haute-Côte-de-Nuits, a été condamné a une amende de 1.000 euros, dont 500 avec sursis. La décision a été rendue ce lundi 7 avril 2014.
"Je ne me sens pas du tout coupable, c'est intolérable aujourd'hui d'être obligé de se masquer, d'être dans la peur quand on assume une position", a déclaré à la presse le viticulteur à l'issue du délibéré, annonçant son intention de faire appel.
A l'audience du 24 février 2014, la représentante du parquet, Jeanne Delatronchette, avait fustigé le non-respect "par choix idéologique" de l'arrêté préfectoral imposant de traiter, en 2013, les vignes de Côte-d'Or contre la flavescence dorée.
Devant le tribunal, l'avocat du vigneron, Me Benoist Busson, avait plaidé la relaxe, dénonçant un principe de précaution "complètement dévoyé". Les soutiens de M. Giboulot expliquent qu'ils existe des méthodes non chimiques efficaces pour lutter contre la cicadelle (pièges à cicadelle, dépôt d'argile calcinée au pied des vignes, insectes prédateurs présents dans les vignes…)
Le viticulteur a en revanche trouvé peu de soutien auprès des ses confrères – y compris ceux la filière bio – pour qui l'affaire donnait une mauvaise image de la Bourgogne. "Je trouve cela dommage car c'est une chance pour la Bourgogne qu'il y ait ce débat-là", rétorque M. Giboulot.
"Dans les communes voisines, à Pommard, à Volnay, à Saint-Aubin, à Meursault, on a trouvé de la flavescence dorée" et "il n'y a que Giboulot qui n'ait pas traité. Ce qui compte, c'est qu'il y ait une condamnation", avait estimé le directeur régional de l'Alimentation et de l'Agriculture, Jean-Roch Gaillet, au moment du procès. Selon lui, les mesures de traitement par pesticides qui faisait l'objet de l'arrêté préfectoral avaient été prises "en accord total avec la profession, y compris la filière bio".
La flavescence dorée est une maladie mortelle pour la vigne, très contagieuse. Apparue en 1949 en Armagnac, elle touche presque tout le vignoble français après s'être fortement développée depuis une dizaine d'années, selon les autorités sanitaires. Un important foyer avait été découvert en Saône-et-Loire en 2011, entraînant en Bourgogne l'arrachage de 11 hectares de vignes en 2012, puis 0,2 ha en 2013.