Les téléphones mobiles bientôt interdits aux enfants ?

La recommandation, dans le dernier rapport de l'Anses sur les ondes, d'un usage modéré des téléphones portables par les plus jeunes a remis d'actualité une disposition inscrite dans la loi Grenelle 2 de 2010, qui donne la possibilité d'interdire les mobiles destinés aux enfants de moins de 6 ans. Le 16 octobre 2013, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a confirmé à l'antenne de France Info que "la question de l'interdiction [restait] posée".

La rédaction d'Allo Docteurs
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Les téléphones mobiles bientôt interdits aux enfants ? Photo © detailblick - Fotolia.com
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Interrogée précisément sur l'interdiction des appareils pour les moins de 6 ans, Marisol Touraine a répondu à l'antenne de France Info que le gouvernement prendrait "le temps nécessaire pour examiner les conséquences à tirer" du rapport de l'Anses.

Le souci de protéger les plus jeunes enfants des ondes émises par les téléphones a été inscrit dans la loi Grenelle 2. Un article stipule en effet que la vente d'équipements radioélectriques "dont l'usage est spécifiquement dédié aux enfants de moins de six ans peut être interdite par arrêté du ministre chargé de la Santé, afin de limiter l'exposition excessive des enfants".

"Les textes [relatifs à l’interdiction du portable pour les moins de six ans] n'ont pas été pris [en compte]", a regretté dans un échange avec la presse Chantal Jouanno, sénatrice de Paris, favorable à un durcissement de la réglementation sur le sujet.

"L'Anses est très claire sur les messages de prudence à l'égard des enfants, elle ne banalise pas le téléphone portable", poursuit l'ex-secrétaire d'Etat à l'Ecologie qui souhaiterait "un message plus clair des autorités politiques".

"Je peux vous confirmer que nous étudierons les recommandations de l'Anses pour limiter l'exposition individuelle des publics de jeunes enfants et adolescents", a promis à l'Assemblée nationale, le ministre de l'Ecologie Philippe Martin.

"Mon ministère a déjà saisi l'Anses sur les risques éventuels générés par des équipements radioélectriques destinés aux enfants de moins de six ans", a-t-il ajouté.

Effet des ondes sur un cerveau en développement

Selon le directeur général adjoint scientifique de l'Anses, Gérard Lasfargues, les résultats du travail spécifique sur les enfants devraient être rendus publics "début 2014".

"Le développement cérébral est continu jusqu'à la fin de la puberté, mais ce qui est important c'est la première enfance". "A la naissance, le cerveau d'un enfant pèse environ 400 grammes et à 4 ans, il fait déjà 1,2 kg", précise le responsable.

"Sachant qu'un cerveau adulte pèse environ 1,4 kg en moyenne, cela veut dire que les fonctions cérébrales et la majorité des fonctions cognitives liées au développement cérébral se mettent en place avant 6 ans, même si entre 14 et 18 ans, au niveau du cortex cérébral, il y a encore des zones qui se façonnent".

L'agence sanitaire va donc passer en revue les études scientifiques centrées sur les enfants. Une étude d'envergure, baptisée "Mobikids", a également été lancée dans 13 pays européens pour étudier un éventuel lien entre exposition aux ondes et tumeurs cérébrales, mais les résultats ne sont pas attendus avant trois ans pour l'ensemble des pays.

Pour l'heure, "on déconseille pour les enfants, l'usage du téléphone portable en mode conversation", insiste Dominique Gombert, directeur de l'évaluation des risques de l'Anses, qui note que l'utilisation du portable pour des SMS ou avec une oreillette limite déjà fortement l'exposition.

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Et aussi :

  • Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses)
    "Radiofréquences et santé" (PDF), avis de l'Anses, rapport d'expertise collective, octobre 2013.

La préconisation d'une interdiction du portable dans les écoles et les collèges, également prévue par la loi de juillet 2010, elle, est peu mise en œuvre. Le Sénat avait voté pour son interdiction totale. Cependant, les députés l'avaient finalement renvoyée "aux lieux prévus dans le règlement intérieur" des établissements.

"Cela n'a pas la même force qu'une interdiction par la loi", déplore Chantal Jouanno, pour qui aujourd'hui "il faut arrêter de focaliser sur les antennes, le vrai débat ce sont les téléphones portables".