L'état de Vincent Lambert s'est ''dégradé'', selon les experts médicaux

L'état de conscience de Vincent Lambert s'est "dégradé" et ses lésions cérébrales semblent "irréversibles", selon les premières conclusions des experts mandatés par le Conseil d'Etat, a-t-on appris lundi 5 mai 2014 de source proche du dossier. Les médecins auteurs de ce pré-rapport qualifient par ailleurs de "mauvais" le pronostic clinique de l'homme de 38 ans, tétraplégique, en état végétatif chronique depuis cinq ans.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Entretien avec le Dr Bernard Devalois, chef de l'unité des soins palliatifs à l'hôpital de Pontoise
Entretien avec le Dr Bernard Devalois, chef de l'unité des soins palliatifs à l'hôpital de Pontoise

Vincent Lambert, dont la famille se déchire sur son maintien ou non en vie, avait déjà été examiné et soumis à une série de tests pour évaluer son état de conscience par les médecins du "Coma Science Group" de Liège (Belgique), en juin 2011. Les médecins avaient alors conclu à un état de "conscience minimale consolidé", sans espoir d'amélioration.

Contrairement aux constatations faites lors de cette dernière expertise, les examens menés par les experts désignés par le Conseil d'Etat "n'ont jamais mis en évidence de réponse permettant de parler d'un état de conscience minimale" chez Vincent Lambert, ce qui suggère pour les auteurs du rapport "une dégradation" de son état de conscience, a-t-on appris de même source.

Outre cette "dégradation", les lésions cérébrales dont souffre M. Lambert depuis son accident de la route en 2008, ont "toutes les caractéristiques de lésions irréversibles" et plusieurs facteurs "rendent très peu probables les chances d'amélioration" de l'état végétatif de Vincent Lambert, selon les auteurs du rapport.

Les médecins, qui ont procédé à neuf reprises à un examen clinique de M. Lambert, ont notamment procédé à des analyses à l'hôpital La Pitié-Salpêtrière, à Paris, et se sont entretenus avec l'ensemble des parties (voir encadré).

"Un document de travail"

Selon le pré-rapport, les "réactions" de Vincent Lambert aux soins qui lui sont prodigués ou aux stimulations, sont "non-conscientes" et il n'est "pas possible" de les interpréter dans un sens ou dans l'autre. En outre, Vincent Lambert n'est "pas en mesure d'établir une communication fonctionnelle avec son entourage".

Mais les auteurs du rapport restent prudents et estiment que le degré de l'atteinte de la conscience de Vincent Lambert "ne saurait constituer le seul élément déterminant de la mise en route d'une réflexion concernant un éventuel arrêt du traitement" et donc une suspension de l'hydratation et de l'alimentation artificielle qui maintiennent en vie le patient.

Les avocats des différentes parties doivent à leur tour émettre des avis sur ce pré-rapport d'ici au 16 mai, avant que les experts ne rendent leur rapport définitif aux sages du Conseil d'Etat.

La plus haute juridiction administrative devra alors rendre sa décision après un débat contradictoire prévu probablement dans le courant du mois de juin, selon une autre source proche du dossier.

"Ce n'est qu'un document de travail, ce n'est pas le rapport définitif qui pourra révéler d'autres choses", a expliqué à l'AFP Jean Paillot l'avocat des parents de Vincent Lambert, tout en regrettant "les fuites dans la presse d'éléments qui relèvent du secret médical et qui sont préjudiciables à la sérénité de la justice".

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L'entourage de Vincent Lambert s'affronte dans un véritable bras de fer autour de la question de l'interruption de ses soins. Ses parents, catholiques traditionalistes, sont opposés à son euthanasie passive, persuadés qu'il est "présent" alors que les médecins décrivent un patient "atteint d'une maladie grave et incurable" et souffrant "de lésions cérébrales graves et irréversibles".

Son épouse et son neveu se disent déterminés à respecter ses dernières volontés. Le Conseil d'Etat, saisi de l'affaire, doit trancher "avant l'été".