Qui est le Dr Sanchez, le médecin de Vincent Lambert ?

Le docteur Vincent Sanchez, qui a décidé de l’arrêt des soins de Vincent Lambert, est décrit comme un homme discret, rationnel et déterminé. Eléments de portrait de cet homme qui ne répond pas aux sollicitations de la presse.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Qui est le Dr Sanchez, le médecin de Vincent Lambert ?

Comme l'affaire, le médecin de Vincent Lambert divise profondément sa famille. Vincent Sanchez, le chef du service de soins palliatifs et de l'unité des cérébrolésés du CHU de Reims qui a de nouveau décidé d'arrêter les traitements de Vincent Lambert, est un homme très discret mais déterminé.

"Il a décidé d’y aller et il y va"

Sollicité par l'AFP, le médecin, dont le nom n'apparaît pas sur le site de l'hôpital, a refusé de répondre. C'est lui qui a conclu en avril 2018, après concertation collégiale, à l'arrêt des traitements et a annoncé mardi 2 juillet, à la famille, déchirée depuis 2013, qu'il relançait le protocole. Ce nouvel arrêt des soins a été rendu possible par un arrêt de la Cour de cassation. "C'est quelqu'un de très secret, il a tout caché à son équipe médicale, sur l'horaire de l'arrêt des traitements par exemple (…) Je le sens très déterminé, depuis le début", juge François Lambert, opposé à un acharnement thérapeutique sur son oncle, Vincent Lambert, ancien infirmier psychiatrique en état végétatif depuis un accident de la route en 2008.

Il voit en lui un homme "très "médecin old school", assez paternaliste dans un sens, dans ce contexte-là, plutôt très positif : il a fermé toutes les écoutilles, il a décidé d'y aller et il y va, peu importe ce qu'il entend à droite et à gauche".

"Presque effacé"

"C’est un homme très pondéré, très rationnel, équilibré, légaliste, il veut aller au bout d’une décision validée par les juges", estime quant à elle Marie Lambert, sœur cadette de Vincent.

Au sein de la famille favorable à l'arrêt des traitements, on décrit "un homme qui ne paie pas de mine", "qui parle très doucement", "presque effacé, qui ne travaille pas son image", "courageux".

Du côté des parents, farouchement opposés à l'arrêt des traitements de leur fils qu'ils considèrent handicapé, la perception de "ce docteur Sanchez" - adhérent de la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs depuis 2016 - est forcément toute autre.

"Il s'est permis de nous envoyer un email, froidement" annonçant le début du protocole le 20 mai - interrompu par la décision de la cour d'appel - dénonçait alors Viviane Lambert, la mère, mimant un geste de dédain de la main.

Une grande résistance à la pression

Âgé de 50 ans, le Dr Sanchez est arrivé à Reims en 2017, succédant à Daniéla Simon, qui a jeté l'éponge, elle-même ayant remplacé Eric Kariger.

"Je suis rassurée que le médecin n'ait pas craqué et ne se soit pas senti menacé par les promesses de procès" de la part des parents, a déclaré Marie-Geneviève Lambert, demi-sœur de Vincent.

Les avocats des parents avaient promis fin mai une "plainte disciplinaire aux fins de radiation ainsi que de poursuites pénales à son encontre". A son sujet, Me Jérôme Triomphe préférait "s'abstenir pour ne pas être désagréable".

Spécialiste de la fin de vie

Diplômé de médecine générale et de gérontologie, titulaire d'un diplôme inter-universitaire en soins palliatifs, Vincent Sanchez, inscrit à l'ordre des médecins de Moselle de 2002 à 2017, exerçait à l'hôpital Robert-Pax de Sarreguemines comme gériatre.

"C'est un très bon gériatre et un très bon médecin de soins palliatifs mais il est habitué à accompagner des fins de vie, il n'est pas habitué à aider à reprendre vie à des personnes en état de conscience altérée", estime Edwige Richer, neurologue et médecin de physique et de réadaptation fonctionnelle retraitée qui l'a rencontré pendant l'expertise médicale de l'automne 2018, à la demande des parents. Elle parle d'un médecin "très courtois mais pas du tout ouvert à la discussion".

Favorables aux directives anticipées

En 2015, Vincent Sanchez avait reçu à Sarreguemines Jean Leonetti, artisan de la loi de 2005 sur la fin de vie, ex-député LR. 

Il suivait 150 patients, dont une partie atteints de la maladie d’Alzheimer, selon Le Républicain Lorrain à qui il déclarait : "chacun devrait préparer ses directives anticipées. Très peu de personnes le font. Or, quand elles ne sont plus en capacité de les formuler, c’est la famille qui s’exprime. Sans forcément suivre les souhaits du malade..."