Comment limiter les blessures à moto

Avec les beaux jours qui arrivent, même si la tentation est grande de faire tomber la veste, quand on roule en scooter ou en moto, le port des gants est indispensable. Les jeunes de 14 à 24 ans sont les premiers à manquer de vigilance à ce sujet.

Adèle Le Canu
Rédigé le
Sujet diffusé le 6 juin 2019
Sujet diffusé le 6 juin 2019

D’après une enquête de l’association Attitude prévention, un jeune sur deux a déjà roulé bras nus ou jambes découvertes. Pourtant les équipements de base comme des chaussures fermées, une veste et des gants permettent d’éviter de graves blessures.

Constant conduit son scooter tous les jours et ça depuis 8 ans. Il est déjà tombé plusieurs fois mais une chute l’a marquée plus que les autres. « Ça s’est passé à un carrefour, un dimanche matin, il faisait plutôt beau. J’allais au boulot, en tenue un peu légère. Je n’avais pas mis de gants. Au moment où je passe au vert, j’allais à 30 kilomètres/ heure à peu près, je vois un vélo qui débarque sur la droite. Je pile ici et je m’étale de tout mon long les mains vers l’avant». Un choc, de sévères éraflures et une petite perte de mobilité temporaire. Constant s’en est bien sorti.

Sans gants, une chute peut avoir de graves conséquences. D’autres motards n’ont pas eu sa chance. Le Pr Emmanuel Masmejean, chirurgien orthopédiste spécialiste de la main –à l’Hôpital Européen Georges-Pompidou, en a soigné un certain nombre. Quand il s’agit de la main, chaque blessure peut s’avérer dramatique : « Le problème de la main, c’est qu’aucun muscle ne la protège. Donc, il va y avoir tout de suite une ouverture de la peau avec parfois des petits gravillons qui rentrent à l’intérieur de la plaie. Et juste sous la peau, vous avez l’os et les tendons. Et devant les artères, les nerfs et les autres tendons qui fléchissent. Le pronostic est beaucoup plus compliqué et la récupération se fera probablement en trois à six mois dans la grande partie des cas. »

Des complications infectieuses

Ces accidents n’ont rien d’exceptionnel. 7 motards sur 10 ont chuté au moins une fois. Que ce soit en hiver ou en été. A l’arrivée des beaux jours, les conducteurs de deux-roues ont tendance à délaisser la veste et les gants. Conséquence en cas de chute : des blessures bien plus complexes à soigner.

Pr Philippe Juvin est urgentiste à l’HEGP. Quand un patient arrive aux urgences après un accident, il demande toujours si la peau qui recouvre le membre fracturé est atteinte. « Parce que si elle est ouverte, si elle est abîmée, le traitement de la fracture sera différent. Vous êtes exposés à plus de complications infectieuses, parce que la peau est une barrière contre les infections. On va probablement devoir vous opérer plus souvent, et il y aura peut-être la nécessité de vous faire des greffes de peau pour permettre la cicatrisation. »

Une amende de 68 euros et un point en moins

Un danger surtout minimisé par les jeunes. Un tiers des conducteurs de 14 à 24 ans roule parfois sans gants. La raison ? Pour 65 % d’entre eux, c’est le prix. Pourtant certains modèles sont accessibles. On peut en trouver homologués, avec une coque pour protéger les phalanges pour environ 34 euros.

Depuis 2016, le port de gants est obligatoire pour le conducteur comme pour son passager. En cas de contrôle, le motard risque une amende de 68 euros et le retrait d’un point sur son permis.