Port du masque : pourquoi tant de violence ?

Plusieurs communes optent pour le port obligatoire du masque dans les espaces publics ouverts. Parallèlement, on assiste à des scènes de violence contre des citoyens qui rappellent à l’ordre certains récalcitrants.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Port du masque : pourquoi tant de violence ?
Crédits Photo : © Shutterstock / Jerome LABOUYRIE

Sa mort a suscité une profonde émotion. Dimanche 7 juillet, Philippe Monguillot est dans son bus quand il demande à des passagers de se munir de leur masque. La réponse est violente, il est asséné de coups. Transporté à l’hôpital dans un état de mort cérébrale, il décédera 5 jours plus tard. Le Premier ministre Jean Castex dénonce alors « ce crime abject » promettant que justice sera faite.

Autres agressions

Les faits se déroulent à Orléans. Cette fois-ci, il s’agit d’un mineur de 17 ans. Il est soupçonné d’avoir agressé un chauffeur de bus. Ce dernier s’est vu prescrire 4 jours d’ITT. Encore une fois pour une histoire de masque non porté.

Une agression filmée à Soisy-sous-Montmorency. La scène, extrêmement violente, se passe dans une laverie. On voit quatre personnes s’en prendre à un homme à coups de battes de baseball. La victime aurait demandé à son présumé agresseur de porter un masque.

L’homme souffre d'un traumatisme crânien et de plusieurs contusions au coude, au torse et au dos. Six jours d'incapacité temporaire de travail (ITT) lui ont été délivrés. Une plainte a été déposée lundi 3 août pour «violences aggravées suivies d'incapacité n'excédant pas 8 jours».

Face à ces faits de violence, on peut se demander pourquoi le port du masque cristallise autant de tensions. Pour répondre à nos questions, le Dr Serge Hefez, psychiatre et psychanalyste.

La rédaction d'Allo Docteurs : Selon vous, que reflète cette violence ?

Dr Serge Hefez : C’est une violence qui correspond à une inquiétude sociale. Je sens monter un climat d’angoisse et d’anxiété. Que ce soit la rentrée scolaire des enfants ou le contexte de travail, les signaux envoyés sont sombres. Les Français se posent beaucoup de questions. Cela peut générer des dépressions ou de la violence chez certains.

La rédaction d'Allo Docteurs : On a le sentiment qu’il y a un avant et un après confinement ?

Dr Serge Hefez : Effectivement, le confinement a créé du lien social, de la solidarité. Tout le monde était logé à la même enseigne, on était dans le collectif.
Ensuite, les consignes n’étaient pas claires, avec beaucoup de confusions, on est revenu à des préoccupations plus individuelles, à son ego avec des bons et des mauvais côtés.

La rédaction d'Allo Docteurs : Pourquoi le port du masque cristallise autant de tensions ?

Dr Serge Hefez : Il y a deux choses qui se jouent avec le masque. D’abord, au début de l’épidémie il y a un défaut de prise de position du gouvernement. Un vrai cafouillage. On a quand même dit que ça ne servait à rien et aujourd’hui c’est devenu la chose la plus importante.
On aurait dû dire : c’est important mais il n’y en a pas. Le message n’était pas clair.
Ensuite, on peut voir à travers le masque une image plus symbolique. C’est une atteinte faite au corps, à son espace de liberté. Souvenez-vous, la loi Evin avec l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Les fumeurs disaient, c’est ma santé je fais ce que je veux !

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La rédaction d'Allo Docteurs : On a le sentiment que ce sont surtout les jeunes qui ont un problème avec le masque ?

Dr Serge Hefez : Pour porter le masque, il faut avoir peur. Dans le cas du COVID-19 pour les jeunes le danger n’est pas visible. La grande majorité est asymptomatique. Et puis, tous n’intègrent pas l’idée que le port du masque permet de protéger les autres. C’est en quelque sorte le combat des libertés individuelles contre celles des libertés collectives.