Ovaires polykystiques : un syndrome fréquent

Une femme sur dix est affectée par le syndrome des ovaires polykystiques. Comme elle provoque une irrégularité et/ou une absence d'ovulation, elle rend souvent la grossesse plus difficile à réaliser.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Ovaires polykystiques : un syndrome fréquent

Qu'est-ce que le syndrome des ovaires polykystiques ?

Marina Carrère d'Encausse et Jean-Marc Sène expliquent le syndrome des ovaires polykystiques.
Marina Carrère d'Encausse et Jean-Marc Sène expliquent le syndrome des ovaires polykystiques.  —  Le Magazine de la Santé

Le syndrome des ovaires polykystiques, également appelé "dystrophie ovarienne", a été découvert en 1935 par les chercheurs américains Stein et Leventhal.

Il concerne 1 femme sur 10 et est la première cause d'infertilité féminine (source : INSERM).

Les ovaires sont deux glandes essentielles pour la reproduction. Ils produisent les ovules, ou ovocytes, et en libèrent un chaque mois : c'est l'ovulation. Au départ, l'ovule est un follicule. Il doit mûrir, c'est-à-dire finir sa formation pour aboutir à un ovule mature. Il passe ensuite dans les trompes de Fallope et est éventuellement fécondé par un spermatozoïde, s'il y a eu rapport sexuel.

A l'époque, et sans échographie, Stein et Leventhal pensaient que le syndrome des ovaires polykystiques était une multitude de kystes autour des ovaires, empêchant l'ovulation. Grâce aux échographies, on s'est en fait rendu compte qu'il ne s'agit pas de kystes mais de follicules qui n'arrivent pas à maturité et qui s'accumulent dans les ovaires. 

Un excès d'androgènes

Le syndrome des ovaires polykystiques est caractérisé par un excès d'hormones mâles, les androgènes, dont fait partie la testostérone. 

Les règles sont fréquemment irrégulières, voire absentes ; dans les cas les plus sévères, il peut y avoir une anovulation, c'est-à-dire l'absence de production d'ovule, mais certaines femmes atteintes du syndrome conservent une ovulation normale ou présentent une ovulation irrégulière.

Cela peut se traduire par une infertilité, présente chez la moitié des femmes.

L'excès d'hormones mâles peut se traduire par de l'acné, une augmentation de la pilosité, la peau et les cheveux plus gras. Une prise de poids, voire une obésité, est également fréquente.

De plus, un syndrome métabolique est souvent présent, avec un diabète, une hypertension et des maladies cardio-vasculaires.  

Ces symptômes peuvent survenir dès l'adolescence si l'excès d'androgènes est important ou le diagnostic est plus tardif, si la jeune femme essaie d'avoir un enfant et n'y parvient pas.

Si on connaît bien les symptômes, on ignore encore beaucoup de choses sur la maladie et ses causes. Des facteurs génétiques et environnementaux seraient en cause. 

Comment faire le diagnostic du syndrome des ovaires polykystiques ?

Le diagnostic est affirmé devant la présence d'au moins 2 symptômes parmi les 3 suivants : un trouble du cycle (rarefaction des règles, cycles iréguliers durant parfois 30 ou 40 jours, ovulation irrégulière ou absente) ; une hyperproduction des hormones mâles responsable d'acné et d'hyperpilosité ou d'hirsutisme, de chute de cheveux ou d'une anomalie biologique; au moins 20 gros follicules par ovaire, à l'échographie. 

De façon plus inconstante, il peut y avoir une anxiété, une humeur dépressive, des taches foncées sur la peau (appelées acanthosis nigricans).

En plus de l'échographie pelvienne, qui doit objectiver au moins 20 follicules, les examens complémentaires comprend un bilan biologique hormonal. Celui-ci objective l'élévation de la testostérone et une inversion du rapport FHS/LH). 

Un bilan métabolique est indispensable. Il évalue la glycémie, le cholestérol et les triglycérides, éventuellement l'insulinémie (taux d'insuline dans le sang).

SOPK : quels sont les traitements ?

Quels sont les traitements du syndrome des ovaires polykystiques ?
Quels sont les traitements du syndrome des ovaires polykystiques ?  —  Le Magazine de la Santé

Les personnes qui souffrent du SOPK restent souvent plusieurs années dans une errance médicale

Une fois le diagnostic posé, des traitements existent. La prise en charge est personnalisée et nécessite l'intervention de plusieurs médecins : endocrinologue médical, dermatologue, nutritionniste, endocrinologue de la reproduction. Ils doivent se faire sur une longue durée, avec un suivi régulier.

La progestérone permet de réguler les cycles et de diminuer les signes dus à l'excès d'androgènes (excès de pilosité, acné, chute de cheveux). Elle est administrée du 16 au 25ème jour pour régulariser le cycle. 

Si elle n'est pas suffisante, le médecin peut prescrire de l'acétate de cyprotérone, en association avec un estrogène.

Les pilules combinées, associant estrogène et progestatif, ont aussi un effet anti-androgène. C'est efficace en trois mois sur l'acné et six mois sur l'hirsutisme mais du fait de leurs complications métaboliques, ils sont utilisées avec précaution.

L'épilation longue durée est aussi une option pour diminuer la pilosité. En complément, une alimentation saine et une pratique sportive sont recommandées. La perte de poids en cas de surpoids ou d'obésité est vivement recommandée.

Source : Vidal

Des problèmes de fertilité liés au syndrome des ovaires polykystiques

Le SOPK est à l'origine de problèmes de fertilité
Le SOPK est à l'origine de problèmes de fertilité  —  Le Magazine de la Santé

La prise en charge dépend aussi du désir de grossesse. Des stimulations hormonales à base de citrate de clomifène ou de létrozole  permettent de rétablir une ovulation et d'être enceinte. En cas d'échec, une chirurgie ovarienne par drilling peut être proposée ; il s'agit de pratique des micro-perforations à la surface des ovaires pour rétablir des ovulations et des grossesses spontanées. La technique rétablit 50% des ovulations. En dernier recours, la fécondation in vitro est aussi une solution.

Le syndrome des ovaires polykystiques comporte aussi de nombreux problèmes qui ne sont pas liés à la fécondité. La quantité de lipides, autrement dit des graisses, dans le sang, est souvent augmentée, ce qui favorise les maladies cardiovasculaires.

L'obésité augmente le risque de souffrir d'une résistance à l'insuline. C'est en effet la première étape du diabète de type 2, mieux connu sous le nom de diabète gras ou diabète de l'adulte. La perte de poids, qui diminuerait les risques de maladies cardiovasculaires et de diabète, semble hélas plus difficile à obtenir chez ces patientes. Des troubles de l'humeur sont également courants.

Le syndrome augmente aussi le risque d'un cancer de l'endomètre (source : INSERM), d'où l'intérêt d'un suivi.