Le piment est-il bon pour la santé ?
Pour certains, c’est un plaisir, pour d’autres, une torture… en tout cas, il ne laisse personne indifférent : le piment ! Mais au fond, a-t-il un intérêt pour la santé ? La Dre Diana Kadouch, médecin nutritionniste, nous répond.

Le piment est fascinant : c’est une véritable petite bombe biochimique. Sa molécule star, c’est la capsaïcine. Elle se fixe sur des récepteurs spécifiques de la douleur, présents sur nos nerfs sensoriels. Normalement, ces récepteurs réagissent quand la température dépasse 43 °C. Lorsqu'on croque dans un piment, la capsaïcine va se fixer au niveau du cerveau et va en quelques sortes le leurrer. Et le cerveau est persuadé qu'il est en train de se brûler !
La réaction est aussi stimulante pour le reste l’organisme. La capsaïcine déclenche la libération d’endorphines et de dopamine, d’où cette impression paradoxale de bien-être après la brûlure. La capsaïcine provoque aussi une vasodilatation des vaisseaux, ce qui améliore la circulation sanguine et peut aider à réguler la tension artérielle. La capsaïcine a un véritable effet anti-inflammatoire : en bloquant certains messagers de l’inflammation, elle protège nos cellules et nos artères. e
Comment expliquer la différence de tolérance au piment selon les personnes ?
Il y a deux raisons principales : la génétique et l’habitude culturelle. Certaines populations ont des variations génétiques qui rendent les récepteurs de la douleur moins sensibles à la capsaïcine. Et puis dans des pays comme l’Inde, la Thaïlande, la Chine ou encore le Mexique, les enfants y sont exposés très tôt. Résultat : leur système nerveux s’adapte et la tolérance augmente.
L'échelle de Scoville mesure la teneur en capsaïcine, en unités SHU :
- Poivron : 0
- Jalapeño : 5 000
- Piment de Cayenne : 50 000
- Et le Carolina Reaper dépasse 2,2 millions SHU !
Pas besoin de tenter le diable ! Les effets bénéfiques pour la santé apparaissent à faible dose: environ 1 à 2 mg de capsaïcine par repas suffisent. Au-delà de 500 000 sur l'échelle de Scoville, la molécule devient un irritant neurochimique : elle peut provoquer inflammation, crampes abdominales, nausées ou diarrhées réflexes. Certaines études ont même observé un risque plus élevé de cancer de l’estomac ou de l’œsophage. Elle se basent des pays où les plats sont très épicés mais aussi cuits à très haute température. Difficile de faire la part des choses entre les deux !
Que se passe-t-il concrètement dans le corps en mangeant un piment fort ?
C’est une véritable cascade physiologique ! Dans les 30 premières secondes, la brûlure linguale s’installe par activation directe des récepteurs de la douleur. Entre 30 secondes et 2 minutes, le système nerveux autonome s’emballe à son tour : salivation, larmes, transpiration, rythme cardiaque accéléré.
À 5 minutes, montée d’adrénaline et libération de dopamine : on entre dans la “montée épicée”, mélange de douleur mélangée à de l’euphorie ! Après 15 à 30 minutes, l’estomac s’enflamme : sécrétion acide et crampes possibles. Et quelques heures plus tard, l’intestin accélère : c’est la fameuse “sortie brûlante”, vous avez compris l’image, une diarrhée très douloureuse.
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Que faire si ça brûle trop ?
Surtout, ne pas boire d’eau ! La capsaïcine se dissout uniquement dans le gras. Voici quelques conseils pour calmer la sensation de brûlure :
- Un verre de lait entier, du yaourt ou même un peu d’huile d’olive.
- Le pain, le riz ou la banane absorbent une partie de la molécule.
- Et pour l’estomac : un pansement gastrique ou un peu de miel peuvent apaiser la muqueuse.