Hémorroïdectomie : la chirurgie qui vient à bout des hémorroïdes

Dans 10% des cas, les médicaments ou les techniques instrumentales ne suffisent pas à traiter les hémorroïdes, il faut alors opérer. L'hémorroïdectomie est une chirurgie qui permet de guérir définitivement le patient. Reportage

Maroussia Renard
Rédigé le , mis à jour le
Hémorroïdectomie  —  Magazine de la Santé

Cette patiente de 54 ans, victime d'un saignement continu depuis des mois a dû être transfusée à cause d’un problème d’hémorroïdes

Des hémorroïdes internes et externes

"Cette patiente a des hémorroïdes internes très volumineuses, à l’origine d’un saignement tellement abondant qu’elle avait une anémie. On ne peut bien sûr pas la laisser dans cette situation et il faut absolument lui proposer une intervention définitive, qui la mette à l’abri d’une récidive de saignement", explique le Dr Isabelle Etienney, chirurgien proctologue, au groupe hospitalier Diaconesses Croix Saint-Simon.  

Le chirurgien commence par observer l’anatomie de chaque hémorroïde et dans le cas de cette patiente, il y a en a une particulièrement volumineuse. 

"Normalement elle est toujours à l’intérieur et celle-ci est presque en permanence à l’extérieur, ce qui l’expose à un saignement et à un suintement", précise le Dr Isabelle Etienney. 

Une intervention délicate

Chaque paquet hémorroïdaire est exposé à l’aide de pinces. Le chirurgien peut alors les disséquer. C'est une opération délicate car ces hémorroïdes sont intimement liées aux fibres du sphincter anal. 

"C’est très important de bien repérer le sphincter parce qu’il sert à la continence et il faut absolument le respecter lors de la dissection du paquet hémorroïdaire, pour ne pas donner des lésions de la continence après l’intervention". 

Pour pouvoir sectionner définitivement le paquet hémorroïdaire, le chirurgien doit le libérer de sa dernière attache, le vaisseau sanguin qui le nourrit. 

"J’ai une artère qui vient alimenter ce paquet hémorroïdaire, on va donc ligaturer avec un fil tout simplement et ce fil tombera dans 8 à 10 jours. C’est ce qu’on appelle la chute d’escarres, qui, souvent, se passe très bien, mais, il y a un risque de saignement qui survient chez à peu près 2 à 3% de nos opérés et qui nous oblige à les ré-opérer souvent en urgence", précise le Dr Isabelle Etienney.  

Sténoses anales et perte de sensibilité

Le chirurgien reproduit exactement les mêmes gestes sur les deux autres paquets hémorroïdaires. Tout en veillant à bien préserver une petite zone de tissu sain entre chaque plaie. 

"On a besoin de garder de la peau normale et de la muqueuse sensible pour éviter que l’anus cicatrise en rétrécissant et qu’on ait ce qu’on appelle des sténoses du canal anal post-opératoire ou des troubles de la sensibilité par perte de toute cette muqueuse sensible qui nous permet de discriminer si c’est une selle, un gaz qui arrive", déclare le Dr Isabelle Etienney. 

Dernière étape, le chirurgien retire les minuscules fragments d’hémorroïdes qui se cachent encore sous les zones de peau normale pour éviter tout risque de récidive. 

"On arrive en fin d’intervention avec les 3 plaies, les 3 ponts et une souplesse conservée au canal anal", termine le Dr Isabelle Etienney. 

Une intervention douloureuse mais efficace

La patiente pourra rentrer chez elle le jour-même avec un traitement anti-douleur adapté.  

"Cette intervention a une mauvaise réputation car effectivement c’est une intervention douloureuse mais c’est une intervention que l’on continue à pratiquer parce que c’est la seule qui permet d’enlever complètement tout le tissu hémorroïdaire et permet d’avoir des patients satisfaits à plus de 90% encore 20 ans plus tard", conclut le Dr Isabelle Etienney. 

Dans l’immédiat, la patiente devra pratiquer des bains de siège pour nettoyer les plaies jusqu’à obtenir la cicatrisation complète d’ici quatre à six semaines.