Péridurale : le choix des femmes est-il respecté ?

Des centaines de milliers de péridurales sont posées chaque année en France. Un acte analgésique, que font le choix de refuser certaines futures maman. Pourtant, la moitié d'entre elles se verront malgré tout poser l'anesthésie, souvent dans l'urgence…

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
26% des femmes refusent la péridurale, mais dans seulement la moitié des cas leur choix est respecté (Image d'illustration)
26% des femmes refusent la péridurale, mais dans seulement la moitié des cas leur choix est respecté (Image d'illustration)

Péridurale ou pas péridurale ? La question est posée à chaque femme enceinte. Si, selon le code de la santé publique, le choix des patientes doit toujours être respecté, trop de futures mamans subiraient tout de même la péridurale contre leur volonté. Au total, un quart des femmes la refusent, mais la moitié d'entre elles (52%) se verrait administrer la péridurale, selon une étude menée par l'Inserm et publiée le 24 août 2015. Ces conclusions, basées sur les résultats de l'Enquête nationale périnatale de 2010, recensent l'expérience de plus de 14.600 Françaises.

Au total, ce sont 77% des femmes enceintes qui bénéficient de la péridurale. Un chiffre important, qui place la France au rang des pays où cette anesthésie est la plus fréquente. Si certaines femmes optent finalement pour la péridurale dans l'urgence de la douleur, c'est principalement la surcharge de travail des sages-femmes qui induit le non-respect du choix de la patiente. "Le nombre de sages-femmes est limité en salle de travail et la pose d’une péridurale peut être un moyen de faire face à la surcharge de travail au moment de certaines gardes", explique Béatrice Blondel, responsable de ces travaux, dans un communiqué.

Respecter le choix des femmes, quel qu'il soit

Du côté de l'Inserm comme des sages-femmes, le constat est le même. Dans un communiqué, l'Ordre des sages-femmes estime "que notre système de santé doit impérativement se doter des moyens nécessaires afin de pouvoir respecter le choix des patientes, quel qu'il soit". Pour l'Ordre, cette surcharge de travail, qui conduit parfois au burn-out des équipes soignantes, nuit au respect du choix des femmes enceintes. "Il est temps de repenser le fonctionnement des maternités" ajoute-il.

La péridurale reste une avancée majeure pour les femmes. En 1994, grâce au remboursement intégral de cette anesthésie, toutes les futures mamans ont pu y avoir accès. Si aucun geste médical n'est dénué de risques, la péridurale reste un acte sûr. Néanmoins, certaines femmes redoutent toujours la paralysie des jambes. Une peur infondée car ce risque est rarissime, la grossesse protégeant même plus la moelle épinière qu'en temps normal. Toutefois, la péridurale expose la mère à des risques de césarienne ou d'utilisation des forceps, mais ces conséquences se sont considérablement amoindries ces dernières années.

Péridurale ou pas, chaque femme enceinte doit consulter un anesthésiste dans le dernier trimestre de sa grossesse. "Certaines femmes disent peut-être non au cours de leur grossesse tout en sachant qu’elles pourront y avoir accès par la suite, si elles en ressentent le besoin", explique Béatrice Blondel. Malgré tout, il est parfois trop tard pour la pose de l'anesthésie, en particulier quand le bébé est déjà engagé dans le bassin, que les contractions sont devenues trop violentes ou que l'accouchement est très rapide.

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Source : Initial Preference for Labor Without Neuraxial Analgesia and Actual Use: Results from a National Survey in France. Kpéa L et al. Anesth Analg. 2015 Sep;121(3):759-66. doi: 10.1213/ANE.0000000000000832