Des fourmis “renifleuses” dressées pour détecter les cancers

Une équipe de chercheurs français a appris à des fourmis à flairer les cellules cancéreuses des humains. Comme les chiens, les insectes sont dotés d’un puissant odorat qui pourrait servir au dépistage précoce des tumeurs.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Des fourmis “renifleuses” dressées pour détecter les cancers
Des fourmis “renifleuses” dressées pour détecter les cancers  —  Shutterstock

Depuis quelques années, certains chiens sont spécifiquement dressés pour flairer les cellules cancéreuses présentes chez l’homme. Mais cette méthode nécessite un entraînement long (entre six mois et un an par chien) et coûteux.

"Des dizaines de milliers d'euros", souligne Baptiste Piqueret, éthologue de l'Université Sorbonne Paris Nord. Ce chercheur est l’auteur principal d’une étude parue cette semaine dans la revue iScience, qui met en exergue la capacité des fourmis à détecter des cellules humaines cancéreuses. Comme les chiens, mais bien plus rapidement, et pour un coût moindre.

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Trois entraînements de moins d'une heure

L’odorat canin, comme celui des fourmis, peut repérer l'empreinte olfactive de certaines tumeurs cancéreuses, qui émettent des composés organiques volatils (COV), qu'un humain ne peut sentir. En laboratoire, les insectes ont été soumis à des protocoles dits d'apprentissage associatif où une odeur est associée à une récompense, en l'occurrence une goutte d'eau sucrée. 

Dans 95% des cas, les fourmis entraînées se dirigeaient vers l’odeur des COV de certaines tumeurs, associée à la récompense. "Trois entraînements de moins d'une heure ont suffit pour qu'elles apprennent”, se félicite Baptiste Piqueret. “Si la fourmi avait bien appris, elle passait beaucoup de temps près de l'odeur associée au sucre et tournait autour en cherchant la récompense.

Avec des scientifiques du CNRS, de l'Institut Curie et de l'Inserm, il a choisi l'espèce la plus commune, Formica fusca, répandue dans l'hémisphère Nord et qui n'est pas considérée comme menacée en France. 

Une application pour participer à des essais cliniques
Une application pour participer à des essais cliniques  —  Le Magazine de la Santé - France 5

"Test de la fourmi" à l'hôpital

Le protocole est "très simple et ne nécessite pas de matériel onéreux”, précise le chercheur. Reste toutefois à évaluer "l'efficacité de cette méthode grâce à des tests cliniques sur un organisme humain complet", précise le CNRS dans un communiqué. 

Des expériences préliminaires sont en cours avec de l'urine de souris atteintes de cancers. Si les résultats se confirment, les chercheurs espèrent pouvoir utiliser les insectes dans quelques années pour réaliser des tests de dépistages rapides dans les hôpitaux. Avant de se tourner vers des examens plus conventionnels, comme une biopsie ou une mammographie, pour établir un diagnostic final.