Comment le surf aide à sortir de l'addiction

Pour se défaire d'une addiction à l’alcool ou la drogue, la cure de désintoxication peut avoir un goût d’eau salé. Pour sortir du creux de la vague, des patients participent à de la surf thérapie. Reportage.

Clémentine Louise
Rédigé le
Le surf, un sport pour aider à sortir de l'addiction
Le surf, un sport pour aider à sortir de l'addiction  —  Le Mag de la Santé - France 5

Sous le soleil breton, ils changent de peau et révèlent le surfeur qui est en eux. Avant de se jeter à l’eau, ces patients ont tous connu les tourmentes de la dépendance. Suivis par le service d’addictologie de Quimper, un remède un peu particulier est venu compléter leur parcours de soin à l’hôpital : la surf thérapie.  

"J’avais une addiction à l’alcool. J'étais en train de m'enfoncer, je n'arrivais plus à me contrôler et il était temps que je fasse quelque chose. J'avais une envie de faire du surf aussi depuis un moment, mais il fallait franchir le pas et ce n'était pas le moment à l'époque. Quand on me l'a proposé, j'ai sauté sur l'occasion", explique Arnaud.

Tomber, se relever et ne plus replonger

Après un mois d'entraînement sans relâche, c'est aujourd’hui leur dernière séance. Dompter les vagues du Finistère au moins une fois par semaine est devenu leur nouvel horizon."On a une métaphore intéressante entre le surf et le parcours d'un patient d'addictologie" commente le Dr Stéphane Billard, chef du service d'addictologie à la clinique de l'Odet à Quimper."Souvent, le patient va entamer des soins pour aller mieux, il va essayer de se relever, il va souvent rechuter, mais il va falloir quand même se relever et c'est à force de se soigner, de répéter les soins, qu'on arrive à une certaine stabilité. C'est exactement la même philosophie que pour le surf", poursuit-il.

Véritable défi et intérêt thérapeutique

Les patients sont accompagnés par leur psychiatre jusque dans l’eau. Mais pour glisser sur les flots, c’est bien un professeur de surf qui doit les encadrer. C'est un projet qui a du sens pour Thomas Joncour, surfeur de haut niveau.

"Quand j'ai été contacté, tout de suite, ça m’a parlé. On s'est rencontré et puis on a mis en place les choses. C'est à moi de diagnostiquer un peu jusqu'où je vais pouvoir les amener", se réjouit ce professeur de surf. 

Il faut beaucoup de courage pour se relever. Dans le tumulte des vagues, ils ont bu la tasse des dizaines de fois et pourtant, ils n’en ont jamais lâché leur planche.

Un taux de rechute passé de 50 à 12 %

Une première étude menée par la clinique de l’Odet de Quimper a montré que trois mois après le début de la cure, le taux de rechute est de 12 % alors qu’il tourne habituellement autour de 50 %.

"On sait que les envies de consommer après les séances sont largement abaissées, ça leur donne aussi une solution supplémentaire pour essayer de gérer ces moments où ils peuvent avoir des envies de consommer", conclut le Dr Stéphane Billard. 

La pratique du surf se fait en complément d’un suivi hospitalier par des professionnels de santé. Pour la surf thérapie, les recherches doivent se poursuivre, mais à ce jour une chose est sûre : au moins la moitié du groupe compte bien continuer à surfer.