"Je rougis tout le temps", que faire ?

Il existe sûrement des questions que vous n'avez jamais osé poser, par pudeur, crainte, voire même honte... Notre journaliste, Mélanie Morin, a posé ces questions à votre place. Aujourd'hui, il est question de la gêne provoquée par les réactions du visage lorsqu'on rougit.

Mélanie Morin
Rédigé le , mis à jour le

Le rougissement est une préoccupation fréquente. Lorsqu'on fait une recherche sur Internet avec l'expression "je rougis", on obtient "je rougis tout le temps""je rougis pour rien""je rougis quand je parle""je rougis quand je le vois". L'expression "je rougis tout le temps" génère près de 588.000 résultats sur Internet.

Le rougissement est la marque de notre émotion face à un stress, comme une prise de parole en public par exemple. Selon les psys, un cercle vicieux se met en place : la personne rougit, cela l'embarrasse beaucoup, elle développe une forte appréhension du rougissement, elle l'anticipe et finit par fuir certaines situations. Quand cela prend de telles proportions, on parle d'éreutophobie, qui vient du grec "éreuthos" qui signifie "rougeur" et de "phobos" la phobie. Il est important de le prendre en charge pour éviter que ce trouble ne prenne trop de place.

D'où provient le rougissement ?

Le coupable est notre système sympathique. On l'appelle aussi système nerveux autonome parce qu'on ne le contrôle pas, il ne dépend pas de notre volonté. Ce système régule nos battements cardiaques, notre transpiration ou encore notre transit intestinal.

En cas de stress, une glande de notre cerveau appelée hypothalamus active les glandes surrénales localisées au-dessus de nos reins. Les surrénales sécrètent l'adrénaline, l'hormone du stress et là c'est le branle-bas de combat : le coeur s'accélère, on ressent un coup de chaud, les vaisseaux sanguins se dilatent et le sang afflue dans les vaisseaux proches de l'épiderme, par exemple sur le visage. Résultat : on rougit.

Le rougissement est comme un signal d'alarme, comme si notre organisme percevait un danger et se mettait immédiatement en alerte. Dans les faits, les personnes confrontées au rougissement ne courent aucun danger si elles doivent par exemple parler en public, mais cela les stresse suffisamment pour déclencher cette réaction. Les plus sensibles rougissent très fort. Ils deviennent rouges comme des pivoines...

Le rougissement, un problème d'anxiété ou de timidité ?

Ce complexe dû au rougissement est un motif de consultation assez fréquent chez les psychologues, souvent englobé dans une problématique plus vaste de timidité ou de manque de confiance en soi. Le rougissement attire l'attention et trahit les émotions de la personne. Les thérapeutes conseillent dans un premier temps d'agir sur la cause du problème avec des techniques de relaxation pour se détendre, pour lâcher la pression, atténuer le stress...

Certains praticiens proposent des thérapies comportementales et cognitives pour confronter progressivement la personne aux situations qui la stressent et déclenchent le rougissement. Il peut s'agir de jeux de rôle basés sur une prise de parole en public. Le psy peut aussi faire rougir volontairement le patient pour lui montrer que même si le rougissement est désagréable, il n'a pas de conséquences dramatiques. 

Un ouvrage très complet intitulé "Ne plus rougir et accepter le regard des autres" du psychiatre Antoine Pelissolo donne de précieux conseils. L'auteur recommande notamment de ne pas fuir les situations potentiellement stressantes même si cela est difficile car la fuite ne ferait que renforcer la peur de rougir. Mieux vaut donc s'y confronter et assumer son rougissement face à l'interlocuteur, en faisant preuve d'humour par exemple. Une autre astuce intéressante pour se détacher de son rougissement consiste à s'intéresser à son interlocuteur, se concentrer sur son discours, lui poser des questions, le regarder dans les yeux... L'idée étant de focaliser son attention sur autrui plutôt que sur soi.

Comment traiter le rougissement ?

Il n'existe pas de médicament pour stopper le rougissement. Les dermatologues rappellent que l'usage du fond de teint permet d'atténuer un peu la rougeur du visage mais l'effet reste limité car ce sont de petits vaisseaux sanguins disséminés sous la peau qui produisent des rougeurs importantes et cela n'enlève rien à la sensation désagréable de coup de chaleur et au stress de la situation.

Une chirurgie existe mais elle est réservée aux cas les plus problématiques, quand le rougissement affecte de façon importante la vie sociale. Elle est aussi utilisée pour la transpiration excessive. Il s'agit de la sympathectomie. Elle consiste à localiser le nerf sympathique le long de la colonne vertébrale grâce à une mini-caméra introduite dans le thorax. Le nerf est pincé par un clip ou sectionné. Cela entraîne une diminution importante des rougissements. Loin d'être anodine, cette chirurgie peut provoquer des effets secondaires tels qu'un abaissement de la paupière, une transpiration compensatoire, une sécheresse des mains, une modification du rythme cardiaque. Il est donc indispensable de bien mesurer la balance entre les bénéfices et les risques.

Pour en savoir plus :

  • Docteur, j’ai un ami qui… 
    Mélanie Morin
    Ed. Larousse, mars 2018
     
  • Ne plus rougir et accepter le regard des autres
    Antoine Pelissolo, Stéphane Roy
    Ed. Odile Jacob, octobre 2009
     

N'hésitez pas à envoyer vos questions gênantes par mail : melanie@allodocteurs.fr