Mieux dépister le VIH : une priorité

Le dépistage et le traitement précoce en France des quelque 30.000 personnes ignorant qu'elles sont porteuses du VIH permettrait de limiter grandement, voire d'éradiquer l'épidémie qui continue à se traduire par quelque 6.000 nouvelles contaminations par an, selon un rapport du groupe d'experts du Conseil National du Sida (CNS) rendu public 27 septembre 2013.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Mieux dépister le VIH : une priorité

La méconnaissance de la séropositivité, "outre l'impact délétère sur l'état de santé", amène les porteurs du virus à "contribuer [malgré eux] au maintien d'une épidémie active dans notre pays, où le nombre de nouvelles contaminations ne baisse pas", relève le Pr Philippe Morlat, chargé par le Conseil national du sida (CNS) et l'Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS) de présenter de nouvelles recommandations au ministère de la Santé sur la prise en charge des personnes vivant avec le VIH.

Dépister 30.000 séropositifs qui s'ignorent

Selon les évaluations du CNS, sur 150.000 personnes vivant en France avec le VIH en 2010, 28.800 ignorent leur séropositivité.

Le rapport estime que ces dernières seraient à l'origine de 60% des nouvelles contaminations. Un premier tiers d'entre eux seraient des hommes ou des femmes hétérosexuels, un second tiers des hommes ayant des relations avec des hommes (HSH) et un tiers des représentants de populations immigrées, essentiellement originaires d'Afrique subsaharienne.

Pour les dépister plus facilement, les 21 experts et les deux représentants du monde associatif, sollicités par le Pr Morlat, préconisent une stratégie multiforme, axée notamment sur les populations où la prévalence de l'infection est la plus élevée, mais également sur les personnes qui n'ont pas fait de test de dépistage récent "chaque fois que l'occasion se présente", comme par exemple lors d'une visite chez un médecin généraliste.

Le rapport préconise de développer les tests rapides d'orientation diagnostique (Trod) - qui permettent de déceler le virus en quelques minutes à partir d'une goutte de sang prélevée au niveau du doigt - en dehors des lieux traditionnels de dépistage. Il invite également les pouvoirs publics à préparer l'arrivée sur le marché des autotests. Déjà commercialisés aux Etats-Unis, ceux-ci permettent de détecter le VIH chez soi à partir d'un échantillon de salive.

Traiter tous les séropositifs

Un rapport du CNS de 2009 avait reconnu, à la lumière de nombreuses études cliniques, "l’intérêt du traitement comme outil de la lutte contre l’épidémie", la prise d'antiviraux sur une longue durée diminuant très fortement - bien que pas totalement - le risque de transmission du VIH. Un meilleur dépistage, systématiquement suivi d'un traitement, entrainerait une réduction de la probabilité de transmission de la maladie, et donc le repli de l'épidémie.

Le rapport préconise donc un traitement de toutes les personnes séropositives, quel que soit leur niveau de défense immunitaire. Conformément aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le traitement antirétroviral est pour l'instant réservé en France aux séropositifs ayant un niveau de CD4 - des globules blancs marqueurs de l'immunité - inférieur à 500 cellules/mm3 de sang. "Mais l'amélioration, ces dernières années, du rapport bénéfice-risque des trithérapies" justifie aujourd'hui de faire évoluer les recommandations, a expliqué les auteurs du rapport. Seuls 90.000 des 150.000 porteurs du virus en France sont actuellement traitées par des médicaments antirétroviraux.

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