Bulletin de santé du 5 août 2011

Bien manger à l'américaine, trente articles de la loi santé censurés, alerte à la salmonelle dans la viande de dinde hachée aux USA, ouverture du fonds d'indemnisation du Mediator®, une nouvelle stratégie pour un vaccin contre l'hépatite C...

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le
Bulletin de santé du 5 août 2011

Bien manger à l'américaine

Neuf Américains sur dix savent désormais que consommer des fruits et des légumes, du poisson ou des laitages, est bon pour la santé, indique une étude publiée par un observatoire de l'alimentation aux Etats-Unis. Près de 90 % des Américains, contre 77 % en 1998, peuvent citer un aliment bon pour la santé, affirme l'International Food Information Council, qui réalise chaque année ce type de sondages (1 000 personnes interrogées).

Les fruits et légumes sont cités dans 70 % des cas. Viennent derrière, et assez loin, le poisson (18 %), les laitages (16 %) puis les herbes, les épices, les fibres, la viande ou le thé vert. Le coût de ces produits (pour 16,1 % d'entre eux) et leur goût (pour 15,4 % d'entre eux) restent néanmoins des obstacles majeurs à leur consommation pour les personnes interrogées, tout comme les difficultés pour y avoir accès en magasin ou pour les préparer.

L'alimentation est une préoccupation majeure du gouvernement américain qui soulignait en début d'année 2011, en publiant un "Guide du bien manger", qu'un tiers des enfants et deux tiers des adultes aux Etats-Unis étaient en surpoids ou obèses. Selon l'Association américaine du coeur, 81,1 millions d'Américains, soit 37 % de la population, souffrent de maladies cardiovasculaires. L'épouse du président Barack Obama, Michelle, est notamment en pointe pour la lutte contre l'obésité infantile.

 

Loi santé : trente articles censurés

Le Conseil constitutionnel a censuré près de la moitié des articles de la loi sur le système de santé, adoptée le 13 juillet 2011 par le Parlement, validant toutefois les dispositions supprimant les contraintes imposées aux médecins libéraux, selon un communiqué.

Cette loi, présentée par le sénateur UMP Jean-Pierre Fourcade, modifiait certains articles de la loi Hôpital Patients Santé Territoires (HPST), datant de juillet 2009. Trente articles sur les 65 que comportait la loi Fourcade ont été retoqués. Le Conseil constitutionnel, saisi par plus de 60 députés de l'opposition, a ainsi censuré des amendements dépourvus de lien avec le texte initial dits "cavaliers" et ceux qui n'étaient pas en relation avec une disposition encore en discussion, selon la règle de "l'entonnoir".

La loi Fourcade supprime notamment certaines contraintes imposant aux médecins de consacrer une partie de leur temps de travail dans les "déserts médicaux". Ces dispositions les plus sensibles, qui étaient ardemment réclamée par les syndicats de médecins libéraux majoritaires, n'ont pas été censurées par les Sages du Conseil constitutionnel. Le gouvernement avait accepté que ces contraintes soient remplacées par des incitations financières, qui figurent dans la convention médicale que viennent de signer fin juillet les syndicats médicaux et l'Assurance-maladie.

Parmi les articles censurés figurent notamment des dispositions auxquelles les médecins libéraux tenaient beaucoup, comme la mutualisation des risques encourus au titre de leur responsabilité civile professionnelle (article 56). Un autre article important (art. 54) de la loi Fourcade prévoyait à titre expérimental sur trois ans que les mutuelles remboursent mieux les adhérents ayant choisi les professionnels de santé membres de leurs réseaux.

 

USA : alerte à la salmonelle dans la viande de dinde hachée

La firme agro-alimentaire américaine Cargill a rappelé plus de 16 000 tonnes de dinde hachée distribuée dans l'ensemble des Etats-Unis, après qu'une infection aux salmonelles responsable de la mort d'une personne eut été identifiée comme provenant de viande de dinde.

Cargill, dont le siège est dans l'Arkansas (sud), a annoncé ce rappel volontaire le 3 août 2011, à la suite d'un avertissement public diffusé le 29 juillet par le ministère de l'Agriculture établissant un lien entre cette infection, qui a touché 76 autres personnes, et les produits à base de dinde. La production de viande hachée de dinde à l'usine de Cargill à Springdale (Arkansas) est également suspendue par précaution pendant la durée de l'enquête pour déterminer la source de l'infection, a annoncé l'entreprise.

Les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont annoncé le 1er août 2011 que l'épidémie avait été détectée dans 26 Etats américains entre le 1er mars et le 1er août. Un peu plus d'un tiers des personnes infectées ont été hospitalisées. La souche de salmonelle en cause a été identifiée de longue date et est résistante à la plupart des antibiotiques, précisent les CDC, qui recommandent de cuire la viande à une température d'au moins 74 degrés, et indiquent continuer leur enquête pour identifier l'origine de la contamination.

 

Mediator® : ouverture du fonds d'indemnisation

Le fonds public d'indemnisation des victimes du Mediator® a été officiellement créé le 4 août 2011, un décret paru au Journal officiel ouvrant la voie à la prise en compte des premières demandes dès septembre.

La publication du décret "permettra aux victimes de disposer, dès le 1er septembre 2011, d'un guichet unique, géré par l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux (Oniam)". "Ce dispositif permet une indemnisation intégrale des victimes tout en garantissant leur droit d'intenter une action pénale si elles le souhaitent", a assuré le ministère de la santé.

Concrètement, "les personnes s'étant vu prescrire ou délivrer du benfluorex (Mediator®, ndlr) ou leurs ayants droit" pourront, dès le 1er septembre, adresser à l'Oniam une demande d'indemnisation. Celle-ci sera soumise, "aux frais de l'Etat" à un collège d'experts chargé de déterminer "les dommages et les responsabilités". Cela dans un délai de six mois. Les membres du collège, dont un cardiologue, un pneumologue, un médecin proposé par les associations de malades et un médecin proposé par Servier, seront nommés par arrêté.

Sur avis de ce collège d'experts, l'Oniam demandera aux laboratoires Servier de faire une proposition d'indemnisation, dans un délai de trois mois. S'ils refusent, les victimes seront indemnisées directement par l'Oniam. Mais l'Oniam pourra saisir la justice pour se faire rembourser ces sommes par Servier.

Le Mediator®, médicament destiné aux diabétiques en surpoids largement détourné comme coupe-faim, a été retiré du marché en novembre 2009 en raison des risques cardiaques encourus par les patients. Il serait responsable de 500 à 2 000 décès. Cinq millions de personnes l'ont utilisé.

 

Hépatite C : nouvelle stratégie pour un vaccin

Une équipe européenne de chercheurs a révélé des résultats prometteurs, chez l'animal, d'une nouvelle stratégie de développement d'un vaccin contre le virus de l'hépatite C (VHC) qui fait aujourd'hui cruellement défaut.

Dans le monde, 200 millions de personnes sont atteintes d'hépatite C chronique. Les complications majeures de cette infection, comme l'insuffisance hépatique ou le cancer du foie, provoquent environ 50 000 morts par an. Il n'existe aucun vaccin à l'heure actuelle contre le VHC qui se transmet essentiellement par voie sanguine (utilisation de drogues par voie intraveineuse, transfusion, transplantation d'organes).

Dans le cadre d'une étude européenne coordonnée par David Klatzmann (CNRS/Université Pierre et Marie Curie/Inserm) et soutenue par l'Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS), des chercheurs ont mis au point une technologie basée sur l'utilisation de "pseudo-particules virales". Il s'agit de structures artificielles qui ressemblent aux particules virales (virus like particles) mais qui n'en ont pas la dangerosité puisqu'elles ne contiennent pas de matériel génétique et ne permettent pas au virus de se multiplier. Ces pseudo-particules virales sont déjà utilisées, par exemple dans le vaccin contre le papillomavirus.

La nouveauté de l'étude publiée le 3 août 2011 dans la revue Science Translational Medicine réside dans l'élaboration de pseudo-particules virales "chimériques", c'est-à-dire construites avec des fragments issus de deux virus différents. En l'occurrence, une pseudo-particule issue d'un rétrovirus de souris recouverte de protéines du VHC. Les chercheurs ont observé, en réaction à une vaccination avec ces pseudo-particules virales, la production d'anticorps neutralisant le virus du VHC chez la souris et le macaque. Ces anticorps se sont révélés capables d'induire une immunité contre les différents sous-types du VHC, alors que les tentatives dans ce sens avaient jusqu'à présent échoué.

L'étude a impliqué 18 partenaires européens, dont la start-up Epixis. Ses résultats pourraient être applicables au développement de stratégies similaires pour des vaccins contre d'autres infections, comme le VIH, la dengue ou encore le Virus Respiratoire Syncytial (cause la plus fréquente de la bronchiolite du nourrisson).

Source : AFP

En savoir plus

Sur Allodocteurs.fr :

Dans les medias :

Contact utile :