Pressings : vers l'interdiction du perchloroéthylène ?

Le perchloroéthylène, un solvant utilisé dans les pressings pour le nettoyage à sec, serait un produit cancérigène. Des associations de malades réclament l'interdiction pure et simple du produit, et dénoncent l'immobilisme des autorités sanitaires.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Pressings : vers l'interdiction du perchloroéthylène ?
Le perchloroéthylène, un solvant cancérigène
Le perchloroéthylène, un solvant cancérigène

Classé depuis 1995 par l'OMS comme cancérigène probable, le perchloroéthylène serait responsable d'effets neurologiques et aurait un impact sur les reins et le foie. Le produit avait été déjà été au cœur d'une action en justice après le décès d'une femme à Nice en 2009 dont l'instruction est toujours en cours.

Association active de malades

Si le cas de cette femme est emblématique, les riverains des pressings exposés au gaz mortel encoureraient des risques très importants. Selon André Cicolella, du Réseau Santé-Environnement, les normes de l'OMS sont de 250 µg/m3, et ces personnes "sont en moyenne exposés à 2000µg/m3".

Thierry Drouin, est l'une d'elles. Ce restaurateur rennais dont le commerce est voisin d'un pressing, souffre d'arythmies cardiaques, de douleurs dans les membres et la nuque et parfois de tremblements. Après une analyse de l'air et une expertise judiciaire - à ses frais - il s'est avéré qu'il y avait bien du perchloroéthylène dans son établissement. Il a voulu agir et a créé en 2010 une association de défense des victimes, l'ADVEPP. Mais les membres d'associations ont selon lui bien du mal à se faire entendre des autorités.

Actions des autorités jugées insuffisantes 

Le gouvernement n'est pas inactif face à ce problème, mais ne va pas assez loin, selon les associations.

En 2008, le ministère avait décidé d'imposer aux pressings des normes de sécurité plus exigeantes et d'intensifier les contrôles pour limiter au maximum les rejets de perchloroéthylène dans l'atmosphère : contrôle des installations tous les cinq ans, implantation des machines dans un atelier confiné, ventilation continue obligatoire avec éventuellement filtre de charbon actif…

Au ministère de l'Ecologie, on assure qu'aujourd'hui que "plus des deux tiers des pressings sont conformes", et l'on dit vouloir "aller plus loin, de façon graduée". Ainsi, un nouvel arrêté devrait être publié d'ici fin 2012 prévoyant d'interdire la mise en place de nouvelles installations utilisant le perchloroéthylène à proximité des habitations. Pour les installations déjà en place, les autorités envisagent d'avancer à 2018 l'obligation de remplacer les installations les plus anciennes, à l'aide d'un mécanisme d'aide financière.

Mais les associations de malades en veulent plus, et plus vite. Pour François Veillerette, de Générations futures, l'heure n'est plus à une multiplication des contrôles, mais à une interdiction totale du produit. Si aucune mesure n'est prise, l'association envisage une action pour "carence fautive de l'Etat".

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