L'âge du père influe sur la santé psychologique de l'enfant

Contrairement aux femmes, ils ne connaissent pas la ménopause. Et pourtant l'âge des hommes a aussi un impact sur leur descendance. Un groupe de chercheurs américains et suédois a analysé les données médicales de 2 millions de personnes nées en Suède entre 1973 et 2001. Leur constat est sans appel : les enfants nés de pères "âgés" (45 ans et plus) ont beaucoup plus de risques de développer certains troubles psychiatriques (autsme, trouble bipolaire, trouble de l'attention) que les enfants nés de pères jeunes.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Des troubles très divers

Comparés aux enfants nés de pères âgés de 23 ans, les enfants nés d'un père de 45 ans ont un risque de développer ultérieurement un trouble bipolaire au moins multiplié par douze.

Leurs troubles de l'attention sont au moins multipliés par sept. Ils ont en outre un risque accru de 40% à 80% de redoubler.

Ces enfants présentent également un risque doublé, voire triplé, de faire une tentative de suicide ou de rencontrer des problèmes de toxicomanie plus tard dans leur vie.

Le risque de trouble autistique apparaît pour sa part augmenté d'au moins 60%.

Une composante psychologique, biologique et neurologique

Une part de ces troubles ont une très forte composante psychologique, d'autres revêtant un caractère essentiellement biologique et neurologique (troubles autistiques, notamment). Du fait de cette disparité, il est impossible d'envisager une hypothèse unique qui expliquerait les constats des chercheurs.

Pour une partie des troubles, le déterminant majeur pourrait être d'ordre psychologique : avec un père âgé, un enfant ne noue pas forcément la même relation qu'avec un père jeune, et ne recevra pas non plus la même éducation. De ce point de vue, l'âge de la génitrice pourrait également entrer en ligne de compte (sociologiquement parlant, les hommes jeunes tendent à avoir des enfants avec des femmes jeunes).

Les chercheurs suédois souhaitent toutefois avancer d'autres hypothèses explicatives, d'ordre biologique.

En effet, au cours de la vie d'un homme, la production de spermatozoïdes se renouvelle sans cesse. Au cours de ce processus (la spermatogenèse), la probabilité de survenue de mutations génétiques pourrait augmenter avec l'âge du père, avec des conséquences éventuelles pour le développement du cerveau de l'enfant.

La piste de l'épigénétique

Sans même entrer dans ces considérations d'ordre génétique, une autre piste explicative pourrait être d'ordre épigénétique - c'est-à-dire concerner la façon dont des gènes non altérés s'expriment. Au cœur des cellules, certaines des molécules qui aident au déroulement de l'ADN (pour que certains gènes puissent être lus et transcrits) y restent fixés - et sont donc présentes en nombre d'autant plus grand que l'individu est âgé. Or, de récentes recherches ont révélé que les gamètes (ovules, spermatozoïdes) pouvaient garder traces de ces molécules.

Pour l'heure, les chercheurs mettent surtout en garde contre des conclusions hâtives : bien heureusement, tous les enfants nés de pères âgés ne vont pas développer des troubles graves !

Source : Paternal Age at Childbearing and Offspring Psychiatric and Academic Morbidity. Brian M. D’Onofrio, et coll. JAMA Psychiatry. 26 fev. 2014. doi:10.1001/jamapsychiatry.2013.4525 

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