Vertiges : comment rééduquer l'équilibre ?

Les patients souffrant de vertiges peuvent, dans certains cas, se voir prescrire de la rééducation vestibulaire. Ces séances ont pour objectif d'aider le corps et le cerveau à s'adapter pour corriger les sources de déséquilibre. Reportage

Maroussia Renard
Rédigé le
Vertiges : comment rééduquer l'équilibre ?
Vertiges : comment rééduquer l'équilibre  —  Le Magazine de la Santé


Il y a deux ans, Elisa Nuée a eu un accident de vélo qui a provoqué une commotion cérébrale. Depuis, les crises de vertiges s’enchaînent.

"Je suis passée au-dessus de mon vélo, j’ai fait un soleil, j’ai été transportée par les pompiers, malheureusement, on ne m’a pas fait d’IRM sur le moment et trois semaines après, je me réveille et impossible de tenir debout. Les vertiges sont apparus", explique la jeune femme de 26 ans.   

Un système d’équilibre désorganisé

"J’ai l’impression de tout le temps marcher sur de la mousse, je titube, parfois, j’arrive à ne plus me lever complètement, j’ai l’impression que les gens sont très très loin, mais à la fois très très proches, je bascule de gauche à droite", confie Elisa.

Pour sortir de cette instabilité permanente, Elisa a entamé une rééducation vestibulaire avec un kinésithérapeute spécialisé. 

Même si son oreille interne n’a pas été abîmée par la commotion cérébrale, c’est tout son système d’équilibre qui s’est retrouvé désorganisé.  

"L’équilibre, c’est une synthèse des informations qui vient de la vision, de l’oreille interne et des informations de nos articulations, la proprioception. Ces trois informations vont arriver au niveau du cerveau et vont être synthétisées et l’équilibre va en découler. Chez cette patiente, il y aura un problème d’intégration de ces informations. Des sensations d’ébriété, de tangages, des instabilités dans des situations très spécifiques vont en découler", confie Loïc Vest, kinésithérapeute vestibulaire.

Habituation, substitution, illusion sensorielles

Le principe de la rééducation vestibulaire est précisément de confronter la patiente à ces situations pour habituer son cerveau à mieux gérer le mouvement. C'est une ambiance discothèque pour ce premier exercice. Elisa doit aller taper le plus vite possible sur les lumières bleues.   

"Le principe de cet exercice, est d’avoir un mouvement actif. Bouger rapidement la tête demande une coordination œil/oreille interne pour stabiliser le corps dans le mouvement. On va essayer d’aller stimuler tous ces capteurs en re-bougeant progressivement"
, précise Loïc Vest.

La suite semble plus calme. Dans ce casque de réalité virtuelle, Elisa est plongée dans une balade en mer. La houle est forte, la jeune femme ne parvient pas à garder l’équilibre.

"Des vagues vont la faire bouger de haut en bas, de droite à gauche, donc la vision va informer le cerveau  que cela bouge de haut en bas et de droite à gauche sauf que l’oreille interne dit non, ça ne bouge pas, la patiente ne bouge pas", constatz Loïc Vest.

Une rééducation qui porte ses fruits

En confrontant Élisa à ce conflit sensoriel, l’idée est de forcer son cerveau à s’adapter.

"Le cerveau va se dire on lâche un peu la vision, on va peut-être écouter un peu l’oreille interne qui nous donne de la stabilité et du coup progressivement, on réussira à normaliser un petit peu ce conflit sensoriel", conclut Loïc Vest.

Malgré les difficultés, les exercices portent leurs fruits.

"Avant la rééducation, je faisais presque une crise par mois, si ce n'était pas toutes les 3 semaines et depuis la rééducation, c’est plus des instabilités. Les grosses crises vertiges, je croise les doigts, je n'en ai pas encore eu depuis novembre", conclut  Elisa.  

Cela fait un an qu’Elisa suit ces séances de rééducation une fois par semaine avec l’espoir de pouvoir un jour reconduire et marcher au milieu d’une foule sans appréhension.