Vente des médicaments à l'unité, pourquoi ça bloque ?

Un décret publié début février permet aux pharmaciens volontaires de délivrer des antibiotiques à l’unité. Cette mesure prise pour lutter contre le gaspillage des médicaments et l’antibiorésistance ne fait pas l'unanimité. Explications.

Adélie Floch
Rédigé le
Antibiotiques à l'unité, une mesure compliquée ?
Antibiotiques à l'unité, une mesure compliquée ?  —  Le Magazine de la Santé - France 5

Les prises d’antibiotiques successives de cette patiente traitée pour plusieurs cystites ont fini par rendre ses traitements inefficaces. Pour lutter contre l'antibiorésistance et éviter l’impasse thérapeutique, l’infectiologue a fait le choix de réduire la dose. 

Individualisation des traitements

Privilégier la qualité à la quantité. Pour le Pr Aurélien Dinh, infectiologue à l'hôpital Raymond Poincaré (Hauts-de-Seine), la clé pour lutter contre l’antibiorésistance passe par une individualisation de chaque traitement.  

Il faut que les patients aient la bonne délivrance d’antibiotiques pour la bonne durée”, souligne le spécialiste. “Proposer de la délivrance à l’unité est probablement un début de solution, pour éviter que les patients prennent trop d’antibiotiques.” Une vente d'antibiotiques à l’unité, que le gouvernement souhaite voir apparaître en France. 

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Promesse de campagne d'Emmanuel Macron

Un décret a été publié au début du mois pour éviter le gaspillage et faire face à la surconsommation des Français. “Les chiffres sont vertigineux”, déplore le Dr Florence Brunet-Possenti, membre de l’Association Santé Environnement France. “On estime qu’il y a aujourd’hui plus de 17 000 tonnes de médicaments qui sont stockés dans les armoires à pharmacie des Français. En majorité des antibiotiques.” 

Le décret, basé sur le volontariat des pharmaciens, ne convainc pas dans les officines. “C’est une mauvaise réponse à une bonne question”, regrette Béatrice Clairaz-Mahiou, pharmacienne, membre du syndicat USPO. “Il faut que le problème soit pris dans la globalité de la chaîne du médicament. Les industriels et les médecins prescripteurs doivent aussi jouer le jeu.” 

Loin de changer le mode de délivrance des antibiotiques, ce décret est pour beaucoup une simple mesure d’affichage. En le publiant, le gouvernement tient ainsi une promesse d’Emmanuel Macron, annoncée dans son programme présidentiel de 2017, pour lutter contre le gaspillage et le mauvais usage des médicaments.