#Iwas Corsica : les violences sexuelles révélées au grand jour en Corse
Sur Twitter, le mouvement I was Corsica libère la parole des victimes de violences sexuelles en Corse. Deux manifestations ont déjà eu lieu pour revendiquer notamment une meilleure formation de la police et des infirmières scolaires.
Par la rédaction d'Allodocteurs.fr, avec AFP
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"I was". Le 5 juillet à Ajaccio, à l'appel du mouvement #IwasCorsica né sur Twitter, 600 manifestantes et manifestants arboraient un tee-shirt blanc portant cette inscription. Et sur les pancartes s’affichaient les messages "Prenez nos plaintes", "Non, c'est non", ou "Violeur, à toi d'avoir peur". Quelques jours plus tôt, le 21 juin, c’était dans la ville de Bastia que 350 personnes avaient défilé pour dénoncer les agressions et les violences sexuelles.
Calqué sur le mouvement #Iwas né le 1er juin aux États-Unis, le #Iwas Corsica secoue l’Ile de beauté depuis un mois. Le principe de cette tendance, qui s’inscrit dans la lignée de la vague #MeToo et #BalanceTonPorc : libérer la parole des victimes de violences sexuelles en les invitant à témoigner. Plus de 53.000 tweets ont été publiés à ce jour à travers le monde avec le "hashtag" #Iwas et commencent tous de la même façon : "I was" suivi d’un nombre, c’est-à-dire "j’avais" x ans lorsque les faits de violence se sont produits.
@iwascorsica#iwas 14, il en avait 17, il a profiter de ma naïveté et de mon jeune âge, le NON a failli ne pas suffir...
— AnonymeC2b (@AnonymeC2b) June 10, 2020
#IwasCorsica pic.twitter.com/k6HGktINCi
— #Iwas Corsica (@iwascorsica) July 5, 2020
aussi à tous ceux qui ont pu me traîner dans la boue durant cette période.
— Charlotte Grisolia (@chagrisolia) June 7, 2020
On n'est jamais responsable ❤️ courage à tou.te.s et merci pour ces témoignages douloureux mais nécessaires (2/2)
#Iwas . De mes 6 à mes 14ans. C’était le cuisinier de mon père et je ne pouvais pas parler car j’étais tétanisée et je ne voulais pas faire « d’histoires ». Ce n’est pas vous le problème, c’est eux. Parlez c’est, important. Ça ne devrait pas exister.
— sgiò de peretti (@mcdeperetti) June 6, 2020
#Iwas je vois bcp de filles en corse faire le # mais il y a aussi des garçons qui se font violer et agresser sur cette île. I was 17/18. Actuellement en procès
— Chris???? (@Somellight) June 7, 2020
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Formations, accompagnement, brevet de la non-violence...
Pour la Corse seule, le compte @Iwascorsica a recensé des centaines de témoignages publiés sur Twitter. Mais pour le collectif #IwasCorsica, en passe d'être créé, l’objectif n’est pas de se cantonner aux réseaux sociaux.
C’est pourquoi Anaïs Mattei, l'une des organisatrices des deux manifestations de Bastia et d’Ajaccio, ainsi que deux représentantes d'associations de défense des femmes ont remis leurs revendications au préfet de Corse après la manifestation du 5 juillet.
Elles demandent notamment une formation de la police "pour traiter correctement les plaintes", une présence renforcée de psychologues et infirmières scolaires formées aux violences sexuelles dans tous les lycées et collèges de l’île, et la création d'un "brevet de la non-violence" en classe de troisième.
Une quinzaine de plaintes individuelles
En parallèle, Anaïs Mattei a précisé à l’AFP avoir réuni "15 témoignages de personnes prêtes à porter plainte". "Ce seront des plaintes individuelles, mais nous allons aller ensemble, lundi ou mardi, au commissariat de Bastia pour déposer ces plaintes", a-t-elle annoncé.
Une enquête a été ouverte début juin suite à la diffusion d'une liste de noms d'agresseurs potentiels et a donné lieu à "48 plaintes pour diffamation en Haute-Corse", a indiqué à l'AFP la procureure de Bastia Caroline Tharot. Une autre plainte pour diffamation a été enregistrée en Corse-du-Sud, selon une source proche de l'enquête.
"Plus jamais silencieuse"
Samedi, une opération de collage de messages en langue corse et en français a été menée dans les rues de Paris, en soutien aux victimes de violences sexuelles de l'île, opération médiatisée par plusieurs photos sur les réseaux sociaux.
On pouvait notamment lire "mai piu zitte" ("plus jamais silencieuse" en corse), "un si micca sola" ("vous n'êtes pas seules") ou encore, en français, "Corse : île des justes, pas des violeurs".
Plusieurs lieux symboliques de Paris ont été choisis afin de rendre femmage à toutes celles qui luttent sur l'île de Beauté : Quai de la Corse, Rue Bonaparte...
— Ni Una Menos (@NiUnaMenos21) July 5, 2020
Surellenza : Sororité
Mai Più Zitte : Plus jamais silencieuses@Corse_Matin @FranceBleuRCFM @FTViaStella @ArianeChemin pic.twitter.com/4lilr7Ve0D
En écho au #Iwascorsica, le Centre d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) de Haute Corse a rappelé sur Twitter quelques conseils à appliquer en cas de viol ou d’agression.
Même si vous ne souhaitez pas porter plainte , faites le , vous ne savez pas si vous n allez pas changer d’avis ???? ce sont des elements qui vont vous aider dans tous les cas #Iwas
— CIDFF HauteCorse (@CidffH) June 7, 2020
Victime ou témoin de violences sexistes ou sexuelles, composez le 3919 et rendez-vous sur Stop-violences-femmes.gouv.fr