Antibiotiques, anxiolytiques, statines… ce que nos ordonnances disent de nous depuis le covid

La santé mentale et physique des Français s’est globalement dégradée depuis le début de la crise sanitaire, révèle un rapport Epi-Phare qui décrypte les ordonnances délivrées depuis un an.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / pikselstock

Comment l’épidémie de covid a-t-elle impacté notre santé globale ? Les ordonnances des Français en 2020 et 2021 reflètent les dépressions, la baisse d’activité physique et la distanciation sociale qui ont caractérisé la période de crise sanitaire, révèle un rapport du groupement d’intérêt scientifique Epi-Phare publié le le 27 mai.

Ce document rassemble les données des médicaments dits de ville, délivrés sur ordonnance en pharmacie entre le 16 mars 2020 - premier jour du premier confinement - et le 25 avril 2021. Les scientifiques ont comparé les prescriptions réalisées durant cette période avec celles attendues en s’appuyant sur les prescriptions des deux années précédentes.

Anxiolytiques à la hausse

Premier résultat : les ordonnances reflètent bien la dégradation de la santé mentale des Français, puisque "l’usage de médicaments anxiolytiques, hypnotiques mais aussi plus récemment antidépresseurs ne cesse d’augmenter", rapporte Epi-Phare. Une augmentation qui s’est encore amplifiée en 2021, avec des hausses des délivrances de +5% à 13% selon les médicaments.

Globalement, entre mars 2020 et avril 2021, "on observe une augmentation de +1,9 million de délivrances d’antidépresseurs, + 440 000 délivrances d’antipsychotiques, +3,4 millions de délivrances d’anxiolytiques et +1,4 million de délivrances d’hypnotiques par rapport à l’attendu" note le rapport.

Moins de sport, plus de cholestérol

Autres prescriptions à la hausse : celles des antidiabétiques et des anticholestérol. Cette augmentation concerne surtout "les instaurations de traitement chez des patients non traités auparavant" : 14,7% d’instaurations de traitement contre l'hypertension en plus, 11% d’antidiabétiques et 24% de statines contre le cholestérol.
Comment expliquer cette tendance ? Par "les effets délétères sur la santé de la baisse contrainte de l’activité physique", imposée par les confinements et les fermetures des salles de sport.

Les vaccinations des enfants à la baisse

Epi-Phare s’est ensuite intéressé à la vaccination des mineurs, en "fort déficit" sur cette période. Sont concernés les vaccins penta et hexavalents pour les nourrissons (diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche, méningites et hépatite B), les vaccins ROR (rougeole oreillons et rubéole) mais aussi les vaccins contre le papillomavirus (HPV).

Beaucoup moins d’antibiotiques

Mais deux bonnes nouvelles ressortent tout de même de ce rapport. La première concerne une "baisse spectaculaire" de la prescription d’antibiotiques. Car la distanciation sociale et le port du masque ont aussi eu un effet positif sur la circulation des bactéries pathogènes.

La deuxième porte sur les dépistages des cancers et des maladies graves, qui repartent à la hausse après un "effondrement" pendant le premier confinement. Depuis mi-2020, les prescriptions de produits de préparation aux actes de coloscopie, d’IRM et de scanner sont ainsi en augmentation, même si "le retard accumulé l’an dernier n’est pas comblé", déplore enfin Epi-Phare.