Comment bien lire les informations qui figurent sur vos boîtes de médicament
Les boîtes de médicaments doivent obéir à une réglementation stricte pour indiquer les risques auxquels ils exposent. Mais les règles ne sont pas toujours respectées.
Tous les médicaments comportent des risques. Et leurs boîtes doivent les mentionner. Légalement, elles ont l'obligation d'alerter au moins sur des effets d’endormissements incompatibles avec la conduite. Et plus récemment, sur les éventuels dangers pendant la grossesse pour le fœtus. Mais tous les fabricants ne présentent pas la même information.
Des indications qui manquent de cohérence
"Parfois, pour la même molécule, au même dosage, vous n'avez pas le même pictogramme" souligne Hervé Zibi, pharmacien. Ainsi, pour une même molécule anti-inflammatoire, une boîte peut porter l'inscription "contre-indiqué chez la femme enceinte" et la boîte d'un autre fabricant "contre-indiqué chez la femme enceinte à partir de six mois". "C'est incompréhensible !" dénonce-t-il, rappelant qu'en principe, "un anti-inflammatoire est contre-indiqué chez la femme enceinte, sauf cas exceptionnel peut être, mais ça, c'est au médecin de décider", poursuit le pharmacien. Dans tous les cas, "sur les boîtes, il faut des indications qui soient cohérentes", tranche-t-il finalement.
Cet exemple étonnant traduit la liberté laissée aujourd’hui aux laboratoires pharmaceutiques dans le choix du pictogramme et du message affichés à partir des risques créés par leur médicament pendant la grossesse.
Une information lisible, compréhensible, indélébile
Cette liberté existe aussi dans la façon de présenter les informations obligatoires sur la boîte comme le nom du médicament, son dosage et les molécules qu'il contient. La réglementation exige qu’elles soient facilement lisibles, clairement compréhensibles et indélébiles.
Mais comme le dénonce la revue indépendante Prescrire qui examine chaque année toutes les boîtes de médicaments, certaines sont plus "lisibles" que d’autres. "Ici le nom de marque Humex est extrêmement visible, « rhume » est très visible, par contre, les substances actives de ce médicament sont très, très peu visibles" décrypte Florence Chapelle, responsable de la rédaction de la revue Prescrire.
"Et parmi les trois substances actives, il y a la pseudo-éphédrine qui est une substance très dangereuse" dénonce-t-elle. Conséquence, "en occultant les véritables substances actives, le patient ne sait pas très bien ce qu'il prend comme médicament. Il n'est pas suffisamment informé par rapport aux risques", commente Florence Chapelle.
Un risque de surdosage par manque de clarté
Le problème est le même pour d'autres médicaments qui associent deux molécules, par exemple ibuprofène et codéine, où l’ibuprofène est à peine lisible. Si les patients ne le voient pas et prennent en plus des comprimés de cet anti-inflammatoire, ils risquent un surdosage.
Ces présentations qui frôlent la désinformation, sont loin des recommandations de l’Agence du médicament (ANSM) pour combler les lacunes de la réglementation. Mais cette autorité sanitaire qui contrôle les boîtes et leur contenu ne peut sanctionner que les véritables infractions.
"On discute, on montre les risques"
"Lorsqu'on voit une boîte qui n'est pas conforme, on se tourne vers l'industriel et on va lui demander de se mettre en conformité" confie Céline Mounier, adjointe à la direction des opérations de l'ANSM.
"Il y a des choses qui sont obligatoires parce que c'est dans la réglementation et puis il y a les recommandations et ce qui est recommandé, ne peut pas nécessairement être imposé. On discute, on essaie de convaincre, on montre les risques et ça marche ou ça ne marche pas. Il y a un certain nombre de cas où les recommandations en tout cas ne sont pas suivies", commente-t-elle.
Chaque année, l’ANSM reçoit des signalements d’accidents provoqués par le manque de clarté des informations présentes sur les boîtes de médicament.
