Covid : le vaccin russe Spoutnik V bientôt disponible en Europe ?

Le vaccin russe Spoutnik V est efficace à 91,6%, selon une première étude scientifique. L’Union européenne, qui manque déjà de doses pour les autres vaccins, pourrait donc s’intéresser à ce candidat.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Image d'illustration.
Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / Yalcin Sonat

Manque de transparence, étapes brûlées, absence de données publiées, précipitation... Le vaccin russe contre le covid-19, Spoutnik V, a fait l’objet de nombreuses critiques au cours de ces derniers mois. Mais de bons résultats publiés le 2 février dans la revue médicale The Lancet relancent aujourd’hui l’intérêt de l’Union européenne pour ce candidat.

91,6% d’efficacité

Et pour cause : selon cette étude, validée par des experts indépendants, le Spoutnik V réduit de 91,6% le risque de contracter une forme symptomatique du covid. Il arrive donc en terme d’efficacité juste après les vaccins à ARN messager Pfizer/BioNTech et Moderna (95% et 94,1% d’efficacité) et bien avant le vaccin Oxford/AstraZeneca (entre 62 et 70% d’efficacité).

Comme ce dernier, le Spoutnik V est un vaccin "à vecteur viral". Il contient deux "faux virus" de la famille des adénovirus, qui portent à leur surface des protéines du coronavirus. Une sorte de "coquille vide" suffisante pour déclencher une réponse immunitaire sans entraîner de symptôme.

A lire aussi : INFOGRAPHIE - On vous explique le fonctionnement des différents types de vaccins

"Principe scientifique démontré"

Les résultats de l’étude sont ceux de la phase 3 de l’essai clinique, menée entre septembre et novembre 2020. Près de 20.000 participants y ont reçu deux doses de vaccin ou de placebo à trois semaines d'intervalle. Des tests PCR ont ensuite été réalisés sur les personnes qui développaient des symptômes.

Au total, 16 volontaires sur les 14.900 qui avaient reçu les deux doses du vaccin ont été testés positifs (soit 0,1%), contre 62 sur les 4.900 qui avaient reçu le placebo (soit 1,3%).

Si d’autres recherches doivent encore être menées pour cerner l’efficacité du vaccin sur les cas asymptomatiques, les résultats "sont clairs et le principe scientifique de cette vaccination est démontré", ont estimé deux spécialistes britanniques dans un commentaire joint à l'étude.

Pallier le manque des autres vaccins

C’est suite à cette validation scientifique que l’Union européenne a manifesté son ouverture à l’utilisation du vaccin russe, d’autant que les doses des autres vaccins autorisés manquent déjà et que les retards de livraisons se multiplient.

La condition, pour la Commission européenne : que le Spoutnik V obtienne, comme les autres vaccins autorisés en UE, l'autorisation de l'Agence européenne du médicament (EMA). Une démarche en cours, selon le Fonds souverain russe qui affirme qu’une procédure d'homologation auprès de l'EMA a été engagée le 20 janvier dernier.

Et la France suivra la décision de l’EMA. Le Spoutnik V pourra être distribué dans notre pays s'il correspond aux "normes scientifiques" et aux "exigences" européennes, a en effet déclaré le 3 février le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian sur Europe 1.

Combien de doses ?

Mais la Russie sera-t-elle en mesure de livrer les millions de doses que l’UE pourrait lui commander ? Pour l’heure, aucune source officielle n'a clairement dit combien de doses russes ont déjà été produites. Les autorités ont seulement évoqué 1,5 million d'injections à travers le monde à la mi-janvier.

Et si une quinzaine de pays ont déjà homologués le Spoutnik V (Bélarus, Arménie, Venezuela, Iran, Argentine, Algérie ou encore Pakistan), les lots livrés sont souvent symboliques - 20.000 en Bolivie par exemple - ou leur ampleur n'est pas révélée. En Europe, la Hongrie qui a autorisé ce vaccin sans attendre l’avis de l’EMA, avait quant à elle reçu 40.000 doses au 2 février.

L'Allemagne ouverte à une co-production

Or pour l’EMA, le fabricant du vaccin "doit avoir une capacité de production dans l'UE" pour assurer des livraisons rapides si le vaccin reçoit son feu vert. Une contrainte pour laquelle la chancelière Angela Merkel a déjà proposé son aide, en évoquant une éventuelle "production commune" avec la Russie.

Même si le Spoutnik V reçoit le feu vert en Europe, plusieurs inconnues persistent, comme pour tous les vaccins actuellement disponibles. Combien de temps est-il efficace ? Bloque-t-il la transmission du virus ? Et enfin, plus inquiétant, est-il efficace contre les nouveaux variants ? Autant de questions auxquelles de prochaines publications scientifiques devront répondre.