Réparer le coeur des enfants avec une mini sonde 3D

L’équipe du CHU de Toulouse est la première au monde à utiliser une toute nouvelle sonde d’échographie 3D miniaturisée. Une révolution pour soigner les anomalies cardiaques des petits patients.

Géraldine Zamansky
Rédigé le , mis à jour le
Des images 3D pour mieux voir le coeur des enfants
Des images 3D pour mieux voir le coeur des enfants  —  Le Mag de la Santé - France 5

Cette petite fille de cinq ans est atteinte d’une malformation cardiaque qui va être réparée aujourd’hui sans ouvrir son cœur. Le cardiologue pourra être guidé précisément par une toute nouvelle sonde d’échographie en 3 dimensions.

"Cette nouvelle sonde est totalement révolutionnaire parce que vous voyez par sa taille qu'elle permet d'être introduite chez des petits enfants, ce que nous ne pouvions pas faire" explique le Pr Philippe Acar, cardiopédiatre au CHU de Toulouse. "On ne pouvait pas introduire la sonde classique adulte en dessous de 30 kilos. Nous avons la possibilité de faire de l'échographie 3D chez les petits enfants de 4 kilos. Nous avons été le premier centre à l'utiliser", poursuit-il.

Agir beaucoup plus rapidement

Grâce à sa petite taille, cette sonde peut être glissée par la bouche jusqu’à l’œsophage. Elle se trouve ainsi tout à côté du cœur à réparer.

"C’est une petite fille qui a un trou entre les deux oreillettes que nous allons fermer en passant par les vaisseaux. Sur cette scopie, on voit comme une radio, la silhouette du cœur, les poumons et la sonde d'échographie qui est donc dans l'œsophage et qui permet d'obtenir des images nouvelles en 3 dimensions en temps réel. On voit en un coup d’œil la communication entre les oreillettes", commente le Dr Clément Karsenty, cardiopédiatre au CHU de Toulouse.

C’est ce passage anormal qu’il faut refermer. Avec l’image en deux dimensions, mesurer précisément son diamètre prend beaucoup plus de temps qu’avec la 3D.  

"Comme si on était dans le coeur"

"On a une image fantastique qui nous permet vraiment d'avoir une précision comme si on était dans le cœur. On mesure très bien en échographie 3D la taille exacte du trou : 14 millimètres, donc on va choisir une prothèse de 14 millimètres. La prothèse, au début va être tout étirée dans le petit tuyau et ensuite elle reprend sa forme pour venir fermer le trou", détaille le Dr Clément Karsenty.

Les deux disques qui forment cette prothèse sont glissés dans un dispositif qui va passer dans une veine à partir de l’aine pour remonter jusqu’au cœur. 

Le premier disque est d’abord déployé dans l’oreillette la plus éloignée et le trou se bouche de l’autre côté… Puis le deuxième disque vient renforcer la réparation.  

"On voit parfaitement la prothèse et maintenant, on vérifie que le trou est complètement fermé et surtout aussi que la prothèse tient bien. Je vais tirer dessus, pousser un peu et vérifier qu'elle est bien stable et qu'elle ne pourra pas bouger", précise le Dr Clément Karsenty.

Une vie "strictement normale"

Tout est parfaitement contrôlé avec une précision renforcée par les images en 3 dimensions. Le câble qui retenait la prothèse peut être décroché. 

"Le but de fermer cette communication entre les deux oreillettes est de prévenir des complications plus tard à l'âge adulte en particulier l'insuffisance cardiaque, le cœur qui peut se fatiguer. Maintenant, son cœur va être normal. La prothèse sera complètement intégrée dans son cœur. Le cœur continuera de grandir. Avec une vie strictement normale", conclut le Dr Clément Karsenty.

Une vie normale très proche puisque le cardiologue interdit juste le sport pendant la semaine qui suit l’intervention.