Pourquoi vous risquez de vieillir plus vite si vous êtes locataire

Être locataire de son habitation principale accélèrerait le vieillissement biologique, suggère une étude britannique parue cet été. Ce phénomène serait dû en partie aux mauvaises conditions de vie des locataires.

Alexis Llanos
Rédigé le
En France, 24,7 % des ménages sont locataires en 2022, selon l'Insee
En France, 24,7 % des ménages sont locataires en 2022, selon l'Insee  —  Shutterstock

Les locataires vieillissent-ils plus vite que les propriétaires ? C’est ce que suggère une étude publiée dans le Journal of Epidemiology and Community Health en août 2023. Pour ces travaux, des chercheuses de l’Université d’Essex au Royaume-Uni et de l’Université d’Adélaïde en Australie ont mené une enquête auprès de 1 420 ménages britanniques.

Deux fois plus d'effet que l'obésité

Les résultats montrent que louer son logement peut avoir des conséquences néfastes sur la santé. Notamment, cela participerait à accélérer le vieillissement biologique - c'est-à-dire les dommages cumulés causés aux tissus et aux cellules du corps, quel que soit l'âge réel.

Ce phénomène d’accélération du vieillissement serait deux fois supérieur à celui engendré par l’obésité ou le chômage, et représenterait la moitié de celui du tabagisme.

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Mauvaise isolation, délabrement, stress de l’expulsion...

Plusieurs hypothèses peuvent être avancées pour expliquer ce phénomène. “L'incertitude quant à la durée pendant laquelle nous pourrons vivre quelque part peut être source de stress, tandis que le délabrement et l'humidité d'un logement peuvent rendre physiquement malade.” suggère au Guardian Dan Wilson Craw, directeur adjoint du groupe britannique Generation Rent, dont la mission est de faire entendre la voix des locataires et de défendre leurs droits.

De plus, bon nombre de logements en location sont considérés comme des "passoires thermiques". Mauvaise isolation, délabrement, humidité : les locataires doivent affronter de multiples difficultés qui pourraient expliquer cette accélération du vieillissement. Cependant, ce phénomène ne semble pas concerner les locataires de logements sociaux. Cela pourrait s'expliquer par un risque d’expulsion plus faible et des loyers généralement moins élevés.

"Les politiques doivent agir de toute urgence"

“L'environnement dans lequel nous vivons a un impact très important sur notre santé” poursuit Dan Wilson Craw, avant d'interpeller les pouvoirs politiques : “Les locataires risquent l'expulsion, ceux qui vivent dans des logements médiocres peuvent développer des problèmes de santé, notamment en cette période de crise économique. Aujourd'hui, de plus en plus de personnes n'ont pas d'autre choix que de louer : les décideurs politiques doivent agir de toute urgence.”

Dans leur étude, les chercheuses indiquent qu’une amélioration des conditions de vie des personnes concernées peut en effet corriger ce phénomène. "Les politiques visant à réduire le stress et l'incertitude associés à la location privée, telles que la fin des expulsions sans faute, la limitation des augmentations de loyer et l'amélioration des conditions, pourraient contribuer dans une certaine mesure à réduire les impacts négatifs." concluent-elles dans leur rapport.

Un accompagnement pour bien vieillir à la maison  —  Le Magazine de la Santé