Pourquoi ce cancer risque de vous toucher si vous êtes tatoué

Une nouvelle étude menée en Suède révèle que les personnes tatouées ont un risque 21 % plus élevé de développer un lymphome, le cancer du sang le plus fréquent.

Mathis Thomas
Mathis Thomas
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Dépister les cancers permet de les prendre en charge plus tôt et de mieux les soigner
Dépister les cancers permet de les prendre en charge plus tôt et de mieux les soigner  —  Allo Docteurs - Newen Digital

Droit de réponse : Dans un communiqué, le Syndicat National des Artistes Tatoueurs et des professionnels du tatouage (SNAT) a tenu à souligner que l'étude citée ci-dessous n'avait permis de mettre en avant aucun résultat significatif concernant le lien entre les tatouages et le développement d'un lymphome. 

"Dans toutes les études statistiques dignes de ce nom", l'intervalle de confiance (ou valeur-p), la plage de valeurs permettant de jauger la fiabilité des résultats d'une étude, "doit être au moins inférieure à 0,05 pour prouver le lien que vous recherchez", indique le SNAT. Or, dans cette étude, "toutes les valeurs-p sont supérieures à 0,05", selon le syndicat. "Concrètement, les chercheurs n'ont rien trouvé, et n'ont donc nullement démontré un risque accru de lymphome."


L’encre de tatouage, une fois injectée dans la peau, est-elle vraiment sans danger pour l’organisme ? Une étude suédoise, publiée dans la revue médicale eClinicalMedicine, tend à montrer que les tatouages ne sont pas anodins, et seraient même liés au développement d’un certain type de cancer : le lymphome.

Pour mener à bien cette recherche, les scientifiques se sont penchés sur les dossiers médicaux de 11 905 participants. Parmi eux, 2 938 personnes avaient été diagnostiquées d’un lymphome entre leurs 20 et 60 ans et 1 398 ont accepté de répondre à un questionnaire portant sur leur mode de vie, leur demandant notamment de préciser si elles étaient tatouées ou non.

Un groupe témoin, où aucun des participants n’avait souffert d’un lymphome, comportait de son côté 4 194 individus. Dans le premier groupe, 21 % des participants étaient tatoués (289 individus), contre 18 % dans le groupe témoin sans diagnostic de lymphome (735 individus).

Un risque "21 % plus élevé" de lymphome

Les résultats de cette enquête laissent envisager que les tatouages ne sont pas si anodins pour la santé. En effet, selon les chercheurs, les individus tatoués présentent un risque plus élevé de développer deux différentes formes de lymphome, un cancer du système immunitaire : le lymphome diffus à grandes cellules B (un cancer à croissance rapide mais qui peut être soigné) et le lymphome folliculaire (un cancer à croissance lente et incurable).

"Après avoir pris en compte d'autres facteurs, tels que le tabagisme et l'âge, nous avons constaté que le risque de développer un lymphome était 21 % plus élevé chez les personnes tatouées", a expliqué Christel Nielsen, la chercheuse qui a mené cette étude, dans un communiqué publié vendredi 24 mai dernier par l’Université de Lund, en Suède.  

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Quel est le lien entre tatouage et lymphome ?

"Nous savons que lorsque l'encre de tatouage est injectée dans la peau, le corps la traite comme un corps étranger, qui ne devrait pas être là, et le système immunitaire est alors activé", indique Christel Nielsen. "Une grande partie de l’encre est transportée hors de la peau, vers les ganglions lymphatiques où elle se dépose."

À l’origine, l’équipe de recherche avait pour hypothèse que la taille du tatouage pouvait influencer le risque de lymphome : un tatouage couvrant le dos entier pouvait ainsi être associé à un risque de développer un cancer plus élevé qu’un petit papillon sur l’épaule par exemple. Il s’est pourtant avéré que la surface tatouée n’avait aucune importance dans l’ apparition, ou non, d’un lymphome. 

"On peut seulement spéculer qu'un tatouage, quelle que soit sa taille, déclenche une inflammation de bas grade dans le corps, ce qui peut à son tour déclencher un cancer", a précisé Nielsen. Des recherches complémentaires sur le sujet doivent cependant être menées. L'équipe de recherche suédoise prévoit d'ores et déjà de rechercher des liens entre les tatouages et d'autres types de cancers ou de maladies inflammatoires.

Qu'est-ce qu'un lymphome ?

Le lymphome est un cancer du système immunitaire, qui touche chaque année près de 24 000 Français. Son diagnostic n'est pas toujours évident car les symptômes peuvent être confondus avec d'autres maladies. Le plus souvent, les patients observent un gonflement des ganglions, mais d'autres signes comme une fièvre persistante ou des sueurs nocturnes peuvent indiquer la présence de la maladie.

Les lymphomes sont des cancers qui touchent le système lymphatique. Ce système regroupe la moelle osseuse, le thymus, la rate et plus d'une centaine de ganglions qui sont tous reliés les uns aux autres par des vaisseaux qui transportent un liquide transparent, la lymphe. C'est dans la lymphe que circulent les cellules de défense immunitaire. 

Parmi elles, les globules blancs et plus précisément les lymphocytes, qui sont les cellules touchées par le lymphome et où débute le cancer. Les cellules cancéreuses apparaissent au niveau des organes qui filtrent la lymphe comme la rate, le thymus et les ganglions. Ces organes deviennent alors progressivement plus gros et palpables.

Quels sont les différents types de lymphomes ?

On distingue deux grandes familles de lymphomes. Tout d'abord, le lymphome hodgkinien (ou maladie de Hodgkin) se manifeste essentiellement dans les ganglions lymphatiques, généralement situés au-dessus du diaphragme. Il survient chez des sujets jeunes, aux alentours de 30 ans et sont les moins fréquents. On dénombre 1 800 nouveaux cas chaque année. 

Les lymphomes non-hodgkiniens, eux, représentent 90 % des lymphomes et 22 000 nouveaux cas par an. Ils sont plus hétérogènes puisqu'ils surviennent un peu partout : dans les ganglions lymphatiques, la rate, la moelle osseuse... On les regroupe en deux catégories : ceux dont l'évolution est lente, comme les lymphomes folliculaires, et ceux dont l'évolution est agressive et rapide, comme les lymphomes diffus à grandes cellules B.