Vaccins anti-covid : pourquoi des résultats si rapides ?

Les laboratoires Pfizer, AstraZeneca et Moderna ont tous annoncé ces derniers jours les taux d’efficacité, souvent élevés, de leur candidat vaccin contre le covid. Mais, les données sont encore incomplètes. 

Géraldine Zamansky
Rédigé le , mis à jour le

Dans la course aux vaccins que se livrent les laboratoires, la vitesse est primordiale. Tous ont décidé de communiquer avant même de publier les données de leur étude dans une revue scientifique. 

Ils s’appuient sur des essais cliniques de phase 3 commencés très rapidement : le 23 avril pour AstraZeneca et le 27 juillet pour Moderna et Pfizer. Une rapidité inédite car cela nécessite des centaines de millions de dollars. Ces essais ont été largement financés par les gouvernements, et notamment les Etats-Unis.  

Des résultats en quelques mois seulement 

Mais, c’est aussi l’intensité de l’épidémie dans les pays (Brésil, Etats-Unis et Royaume-Uni notamment) où se déroulent les essais cliniques qui a permis d’obtenir rapidement des résultats. 

Pour évaluer l’efficacité d’un vaccin, il faut compter le nombre de personnes qui contractent le virus alors qu’elles ont été vaccinées. Les chercheurs comparent ensuite le groupe vacciné à celui qui a reçu le placebo.  

Pfizer est le premier à avoir communiqué ses résultats, annonçant une protection de 95%.  En suivant la même méthode, Moderna arrive à 94,5% avec une donnée supplémentaire : 100% des formes graves de la maladie ont été développées dans le groupe placebo. Le bilan de l’essai d’AstraZeneca est plus mitigé. Sur l’ensemble des volontaires, l’efficacité atteint seulement 70%.  

L'inconnue de l'ARN messager

Le problème, c’est que toutes ces données sont limitées à une période d’observation très courte, quelques mois seulement. Mais, selon les règles de la FDA, l’agence américaine du médicament, une demande d’autorisation d’urgence peut être délivrée lorsque la moitié des volontaires a été suivie deux mois. C’est déjà le cas pour Pfizer et très bientôt pour Moderna. La situation d’AstraZeneca est plus compliquée.  

Cette autorisation, si rapide, est justifiée par l’ampleur et la gravité de l’épidémie. Nos sociétés sont tellement en souffrance que les autorités de régulation accepteraient de valider une efficacité certaine plus courte que d’habitude.

Mais, la sécurité serait déjà assurée avec ce recul sur les effectifs concernés. Certains experts soulignent néanmoins une inconnue liée aux caractères innovants des vaccins de Pfizer et Moderna. La technologie de l’”ARN messager” n’a jamais été utilisée auparavant.