Les beaux jours pourraient-ils avoir une influence sur le virus ?

Parmi les nouvelles affirmations du Pr Raoult qui font polémique, l’annonce d’une fin imminente de l’épidémie grâce à l’arrivée du printemps. Pourtant, de l’Australie à l’Amérique latine en passant par Singapour, le virus semble plutôt capable de se propager à des températures bien plus élevées. Le point sur cette apparente résistance du SARS Cov2 à différents climats. 

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Il suffit de regarder la carte de répartition des cas de coronavirus à l'échelle de la planète pour constater qu'il est partout, même là où il fait chaud. Dans les deux hémisphères, qu'on soit au printemps ou en automne, qu’il fasse 10 ou 30°… Le nouveau coronavirus est capable de se transmettre d’une personne à l’autre. Comme il est arrivé plus tard dans les pays situés au sud de l’équateur, là où l'été s'achève, les chercheurs ont d’abord espéré que cela marquait sa fragilité face à la chaleur, à l’image du virus de la grippe.

Aujourd'hui, il devient de plus en plus difficile de trouver un spécialiste optimiste en la matière. La semaine dernière, les experts sollicités par la Maison-Blanche n’ont pas apporté la réponse qu’espérait le président Trump. Selon leur conclusion "Étant donné que des pays actuellement en climat "estival" comme l’Australie et l’Iran connaissent une expansion rapide du virus, on ne peut pas s’attendre à une baisse des cas avec l’augmentation de l’humidité et de la température"...
Ces scientifiques terminent leur expertise par cette phrase "Mes collègues et moi espérons que ce document vous aidera dans votre mission d’orientation de la réponse nationale à cette crise de santé publique"… Autrement dit, que des mesures de distanciation sociale seront notamment maintenues dans les mois à venir.  

Pourquoi compter sur la chaleur et l’humidité pour freiner la diffusion du virus ? 

Un des modes de transmission de ce virus est la diffusion dans l’air de "postillons" d’une personne vers une autre. Or, pour que ces gouttelettes de salive puissent rester dans l’air et parcourir une distance importante, il faut que l’air soit assez sec. Sans quoi, elles sont "imprégnées" par l’humidité environnante et "tombent" tout près de leur émetteur. Du coup, la contagion est moindre. 

Une étude réalisée sur ce point par deux chercheurs du MIT, le Massachussets Institute of Technology nuance cette théorie.
Ils ont observé que le virus seuls des niveaux d’humidité très élevés de l'ordre de 10g/m³ limiteraient la propagation du virus. D’après eux, seuls les pays connaissant une mousson dépasseraient ce seuil et pourraient ainsi bénéficier d’un frein climatique contre l’épidémie.

Qu’en est-il de la chaleur ? 

La chaleur estivale pourrait réduire la durée de survie du virus sur les surfaces inertes. On risquerait donc moins d’être contaminé en touchant une porte d’entrée peu après une personne malade qui viendrait de se moucher par exemple. Là encore, des chercheurs se sont penchés sur la question et en observant plusieurs pays, ils ont montré que le rythme de la transmission du virus serait deux fois moins rapide avec une température ambiante moyenne de 26,5° qu’à 9,5°. Un épidémiologiste de l’université de Hong-Kong, Ben Cowling, estime lui que s’il y a une "Pression saisonnière" sur le Sars COV 2, elle ne réduirait sa diffusion que de 10 % ! 

Il insiste sur un autre facteur qui distingue radicalement ce virus de celui de la grippe, c’est qu’il est nouveau ! Personne n’avait la moindre immunité pour s’en défendre avant ces derniers mois. Été ou pas, nous restons des proies faciles. Tous les spécialistes de ces virus émergents rappellent d’ailleurs que le précédent coronavirus, le MERS, a montré une belle résistance aux saisons et aux climats.

Notre été va-t-il être aussi perturbé par ce virus que notre printemps ? 

Des physiciens de l’Utah viennent de recevoir une enveloppe de 200 000 dollars pour faire très vite une modélisation complète du comportement de notre ennemi public N°1 à tous les "cocktails" possibles de température et d’humidité. Cela pourrait répondre à des questions concernant l’intérieur des bâtiments par exemple :

  • Faudra-t-il interdire la clim cet été pour éviter de laisser des "réservoirs d’air frais" où le virus pourrait subsister ?
  • Sans oublier de faire une simulation parfaite d’un lieu adoré par beaucoup d’entre nous : la plage. Certains sont très inquiets, avec le vent, le virus pourrait adorer passer d’un vacancier à l’autre.