Diabète : Haka Vallée court contre les préjugés !

Théo Curin, nageur paralympique et chroniqueur au Magazine de la Santé nous parle régulièrement de personnalités dont le parcours l'ont fasciné. Aujourd'hui, l'incroyable défi d'Haka, adolescent diabétique.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Il s’appelle Haka Vallée. A 15 ans à peine, élève brillant, surtout en maths, il explique que le choix de son métier sera limité parce qu’il ne pourra jamais être ni pompier, ni gendarme, ni steward, ni contrôleur de train. Encore moins pilote d’avion… car la loi lui interdit !

Diabétique de type 1, un pancréas qui ne fabrique plus d’insuline

Quand on est diabétique et en hypoglycémie, on peut faire des malaises, se mettre en danger et mettre en danger les autres. D'où cette loi, mais elle est ancienne et ne tient pas compte des évolutions technologiques et thérapeutiques. Aujourd’hui, les diabétiques pourraient, lorsqu’ils sont bien équilibrés, faire la plupart de ces métiers.  

Haka cite notamment le cas d'Alizée Agier qui a été recalée en 2017 au concours de gardien de la paix pour cette raison médicale alors qu’elle est double championne du monde de karaté. Haka a donc décidé de faire changer cela.

En mars 2019, il s’est rendu à l’Assemblée nationale pour plaider la cause des 250  000 Français diabétiques, et mettre un terme à cette discrimination. Il a directement interpellé les députés avec une audace et un brio insolents. Il leur a raconté son parcours, répondant aux questions les plus techniques.
Il a tenté de les convaincre de supprimer cette liste de métiers prohibés. Il s’est fait un plaisir de leur rappeler qu’elle a été établie dans les années 50 et donc forcément totalement dépassée aujourd’hui. Les 565 députés sur 577 lui ont apporté leur soutien.

Il a ensuite rencontré pratiquement tous les membres du gouvernement et, à l’occasion d’un stage qu’il avait décroché au cabinet présidentiel, il a même interpellé directement Emmanuel Macron... 

Un cadeau hautement symbolique... 

Il lui a offert un bout de mur, mais pas n’importe lequel... Un bout du mur de Berlin que son père avait rapporté il y a 30 ans. Le message était clair : "Mr le Président aidez-moi à faire tomber ce mur d'indifférence et d'idées reçues qui sépare les personnes diabétiques du reste des citoyens". 

Toujours le même objectif : faire connaître sa maladie... 

Ce n’était pas la première fois qu’Haka faisait parler de lui, grâce au sport... A l’été 2018, il a décidé d’enfiler ses baskets pour traverser la France, du nord jusqu’aux au Pyrénées-Atlantiques, en courant et à vélo avec plus de 2 000 km en six semaines ! 2 004 km exactement, en référence à son année de naissance, pour prouver qu’il était certes malade mais pas incapable… 42 étapes, l’équivalent de 20 marathons, 1 218 km à vélo. Il a par ailleurs rencontré 25 députés et 10 ont même couru avec lui… Il a été accompagné dans cette incroyable aventure par son père, Éric.

Il en a bavé, il faisait une chaleur caniculaire, il a collectionné les panaris aux pieds, les crampes. Heureusement, il était massé chaque soir par des kinés locaux et a pu bénéficier, tout au long de son parcours, d’un formidable élan de solidarité. Ce qui l’a fait tenir, c’est son credo : "Rien ne m’arrête, pas même le diabète". Il a créé une page Facebook qui en dit long sur sa force de caractère : "Just did it !". "Je l’ai fait !" C’est aussi le nom de son association qui collecte des fonds pour la recherche sur le diabète. 

Un tweet... particulièrement remarqué… 

"On a tous un champion en nous ! Bravo Haka, ne lâche rien". C’est signé... Kylian MBappé, en personne ! Ce tweet l’a particulièrement touché, son rêve serait d’entraîner une grande équipe de football comme le PSG par exemple. 

Une action de lobbying qui s’appuie sur le sport

Ce n’est pas un hasard et le sport pour lui c’est déterminant. À 11 ans, quand sa maladie s’est déclarée, Haka est tombé dans le coma et il a failli en mourir. Il pensait que sa vie était foutue et c’est là que le sport y est entré. Il va y trouver sa "guérison" en quelque sorte. En effet, plus il court, moins il a besoin d’insuline. Il voit dans la pratique sportive un allié précieux, à la fois pour le corps et l’esprit. Il espère tordre le cou à la prétendue fragilité des personnes diabétiques. Il court aussi pour aller à la rencontre d’enfants soufrant, comme lui, de pathologies importantes, qu’ils soient diabétiques ou non.
Il est très impressionnant, il a vraiment un caractère bien trempé, il en faut pour enchaîner comme lui les exploits, notamment deux courses de 80 et 100 km, pour le Téléthon. 

Haka s’illustre également dans d'autres domaines

Ce serait trop simple si ça s’arrêtait là. Depuis plus de 10 ans, il est content de prouver qu’il peut gérer son stress pendant 7 heures de matchs en jouant aux échecs. Il s’implique également dans un autre combat, en faveur de la planète. C’est un sujet qui lui tient particulièrement à cœur, d’autant que le diabète de type 1 touche de plus en plus de jeunes et que la pollution, les perturbateurs endocriniens et les pesticides sont mis en cause dans cette recrudescence. 

Haka a livré un petit secret, il dort sur un oreiller où il est écrit : "Never give up", "N’abandonne jamais" ! Son prénom, Hakaroa, est celui d’un village de Nouvelle-Zélande, qui lui a été donné par ses parents pour lui donner l’envie de voyager. Depuis, il s’invente une vie sans frontière, et surtout sans limite. 

 

Haka a demandé de revenir sur une pétition mise en ligne depuis le 14 novembre par la Fédération des diabétiques pour demander la mise à jour des textes réglementaires et rayer définitivement de la liste les métiers interdits. Allez-y signez, on lui doit bien ça !