Et si cette période était propice à la créativité ?

Outre le fait de télétravailler pour certains et d'occuper ses enfants pour d'autres, quelles sont les activités artistiques qu'on peut faire en cette période de confinement ? Les réponses de notre spécialiste.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
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On peut profiter du confinement pour se mettre ou se remettre à une activité artistique, que ce soit à pratiquer ou simplement en spectateur. L’art ne peut qu’adoucir notre quotidien en ce moment, tout en nous remplissant d’émotions positives voire même en stimulant notre propre créativité et nos processus cognitifs.

La créativité peut se développer dans tous les domaines, en cuisine, en peinture, en littérature, en musique et même en résolvant des énigmes ou des problèmes de mathématiques. On peut donc tester de nouvelles recettes, voire commencer à cuisiner, on peut trouver en ligne des cours pour apprendre à faire des bandes-dessinées avec ses enfants, ou encore avoir des conseils pour commencer à écrire. Il y a d’ailleurs des initiatives dans plusieurs entreprises, dont la fondation Rothschild, pour que les salariés consignent soit par écrit, soit en photo les souvenirs de cette période si particulière.

S’évader en écoutant un concert ou se promener dans un musée et tout ça en ligne

De nombreux musées nationaux et européens ont mis en ligne une partie de leurs collections permanentes ou des expositions, passées. Le Metropolitan Opera de New-York diffuse gratuitement depuis la semaine dernière les archives de ses spectacles passés. Même chose pour les archives de l’Opéra de Paris. Il y a également des sites qui recensent des films rares et totalement gratuits. On peut se promener virtuellement au musée d’Orsay, il y a également des podcasts pour les enfants, ou même des tutos pour faire des ateliers peinture, dessin etc… en ligne. 

Comment peut-on devenir plus créatif en cette période de confinement ?

Nous avons tous la capacité à créer, et il n’existe pas, a priori, de spécificités cérébrales chez les personnes les plus créatives. Il semblerait que la capacité à créer soit surtout dépendante de la façon dont nous percevons et utilisons tout ce qui nous entoure. Créer exige de désactiver les régions qui contrôlent nos perceptions et nos actions, et de s’autoriser à laisser émerger des pensées et des productions qui ne sont pas forcément logiques ou habituelles.

D’où l’idée de s’autoriser à laisser notre cerveau vagabonder, surtout en ce moment, à noter régulièrement nos pensées extravagantes, et à tenter de s’extraire des règles qui conditionnent souvent notre façon de voir ou de penser le monde. Il ne faut surtout pas empêcher notre esprit de vagabonder ou de rêver éveillé car c’est à ces moments-là que nous allons pouvoir mettre en relation des informations qui resteraient clivées. Il se peut donc que le confinement puisse nous permettre de devenir plus créatifs car nous avons plus de temps pour faire ce travail de mise en relation.

Les écrans et outils technologiques pourraient-ils brider la créativité des enfants ?

De nombreux chercheurs pointent le fait que les écrans en proposant des tâches stéréotypées (même espace de vision, même type de stimulation visuelle, même type de jeu et de consignes) brident la créativité des enfants. Par ailleurs, on sait que pour créer, il faut laisser son esprit vagabonder. L’ennui qui peut parfois être vécu en cette période de confinement par des enfants enfermés chez eux, peut tout à fait être propice à la créativité. En venant remplir le temps libre des enfants, les écrans au sens large, (TV, smartphone, tablette, ordinateur) pourraient les empêcher de s’ennuyer, de rêver et donc de créer. Alors que l’ennui a des vertus positives aussi !

Peut-on mesurer l’effet des écrans sur le niveau de créativité des enfants ?

Il y a en effet de plus en plus d’études qui commencent à sortir sur le rôle des écrans sur le développement de l’enfant. Une de ces expériences a été faite aux Etats-Unis. On y a constitué 3 groupes d’enfants de 4 ans : le premier groupe regardait un dessin animé avec beaucoup d’action "Bob l’éponge", le second regardait "Caillou" qui est un dessin animé très calme, et le troisième dessinait avec des crayons.

Tous les enfants ont ensuite été soumis à la résolution d'un problème. Les résultats montrent que les enfants les moins créatifs sont ceux qui ont regardé Bob l’éponge alors que ceux qui ont regardé un dessin animé calme ou dessiné sont bien meilleurs sur le plan attentionnel et du raisonnement.

Il semblerait donc que, non seulement la durée passée devant les écrans ait un effet, en empêchant l’enfant de développer son imagination, mais également ce qu’on fait sur ces écrans. On ne dira jamais assez, surtout en ce moment où les enfants ont leurs écrans à disposition toute la journée, qu’il faut tout à la fois limiter le temps passé sur les écrans pour faire le plus de choses diverses possibles mais qu’il faut aussi accompagner les enfants et faire des choses avec eux, qui leur permettent de développer différentes fonctions, sur les écrans ou sans écrans.

Qu’en est-il des personnes plus âgées ?

Est-ce qu'on peut être créatif à tout âge ou est-ce qu'on perd cette compétence en vieillissant ?
Tous les espoirs sont permis car depuis quelques années on sait que le vieillissement n’altère pas la créativité, bien au contraire ! En vieillissant, beaucoup de personnes se sentent plus libres, ont moins d’inhibition et se permettent au contraire des idées innovantes et donc s’autorisent à créer.

En vieillissant, on peut être moins rapide pour certaines tâches mais par contre, on lie beaucoup plus toutes les informations qu’on a acquises entre elles. Cette nouvelle compétence est très utile pour la créativité qui est, entre autres, permise par la mise en relation d’informations venues de champs très différents.

Par ailleurs, certains chercheurs font également l’hypothèse d’une moins grande spécialisation hémisphérique chez les sujets plus âgés, ce qui permettrait aux deux hémisphères de travailler en plus grande collaboration et de supprimer en quelque sorte les clivages bien établis.
Il y a maintenant de nombreux exemples de personnes qui se sont mises à écrire, peindre ou composer des comédies musicales à la retraite, il ne faut donc surtout pas se brider mais profiter à fond de ce moment de liberté créatrice, et surtout en ce moment, où tout le monde a plus de temps chez soi !

L’art peut-il nous aider à apprendre ?

Il se pourrait que l’art puisse nous aider à apprendre en augmentant nos capacités attentionnelles et nos capacités de réflexion. Il y a plusieurs façons d’envisager le lien entre art et apprentissage. On peut concevoir que la pratique et l’observation artistiques peuvent développer certaines capacités de manière non spécifiques, car elles stimulent la perception, l’attention, la réflexion, le jugement critique, la mémoire etc… et on peut imaginer également que la pratique de la musique par exemple, peut développer des fonctions spécifiques telles que le sens du rythme, la mémorisation de séquences particulières, la perception de la hauteur, qui sont autant de paramètres impliqués dans le langage et également dans le langage écrit.

Ecouter de la musique ou faire une séance de reproduction de rythmes peut donc s’avérer utile pour les enfants en CP ou CE1 qui sont en plein apprentissage de la lecture. Pour les parents qui sont actuellement un peu démunis pour faire la classe à leurs enfants, on peut également se servir de supports artistiques (d’œuvres de peintures ou de musique) pour les faire travailler sur des données historiques ou autres.

Enfin, on sait depuis le développement de l’art-thérapie que l’art peut véritablement aider les patients avec troubles psychologiques, ou neurologiques. Dans cette période si difficile de confinement, ressortez donc votre violon de son étui, remettez-vous au piano, chantez, dansez, créez dans tous les domaines, c’est aussi important pour vous maintenir en bonne forme que l’exercice physique.