Prévention du coronavirus : toutes les réponses à vos questions !

Alors que le nouveau coronavirus Covid-19 se propage en France, les questions se multiplient et l’inquiétude grandit. Des médecins spécialistes, des experts et le ministre de la Santé ont répondu à toutes vos interrogations.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Prévention du coronavirus : toutes les réponses à vos questions !
Crédits Photo : © Instituts américains de la santé (NIH) / Flickr CC BY 2.0

Le professeur Frédéric Adnet, urgentiste au Samu 93 (Hôpital Avicenne, Bobigny), le professeur Eric Caumes, infectiologue à l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière (Paris), le professeur Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l’Institut Pasteur (Paris), la professeure Astrid Vabret, virologue au CHU de Caen et Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, ont répondu mardi 3 mars 2020 à toutes vos questions sur le plateau de l’émission spéciale Les pouvoirs du corps humain (France 2) consacrée au coronavirus, co-préparée par les équipes du Magazine de la Santé.

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  • Faut-il être inquiet face à la propagation du coronavirus ?

Pr Arnaud Fontanet : L’épidémie qui a commencé en Chine montre là-bas des signes de stabilisation au prix d’un effort considérable du gouvernement chinois pour la contenir. On a maintenant plusieurs foyers de contagion (Corée du Sud, Iran, Italie). L’évolution de cette épidémie va vers la pandémie, même si l’OMS n’a pas encore donné ce terme. Maintenant quelle est la sévérité et comment peut-on juguler, contrôler cette épidémie ? C’est la question.

Olivier Véran : Il ne faut pas qu’il y ait de panique ni d’angoisse. Il ne faut pas, par une réaction disproportionnée, aller créer des situations de pénurie là où il n’y a aucune raison d’y en avoir, comme dans les supermarchés ou pour les gels hydroalcooliques.

  • Quand va-t-on voir arriver le stade 3 de l’épidémie ?

Pr Eric Caumes : On ne sait pas. Il faut avoir la modestie de reconnaître qu’on est face à une maladie émergente donc on ne sait par définition pas très bien ce qu’il va se passer le lendemain. Et l’évolution des épidémies est assez imprévisible, donc on peut se douter que ça va augmenter dans les prochaines semaines de façon certaine. Mais dans quelle proportion, jusqu’à quand ? Cela reste à déterminer.

  • Plus de bise, plus de serrage de main… ces mesures sont-elles valables ?

Pr Frédéric Adnet : L’idée est de freiner et de ralentir la pente de la progression du nombre de cas en France. Donc toutes les mesures de protection sont bonnes à prendre, même si elles paraissent extrêmes, notamment pour laisser le temps au système hospitalier de se préparer.

  • Enceinte ou mère d'un jeune enfant, que se passe-t-il pour mon bébé si j’attrape le coronavirus ?

Pr Eric Caumes : Si c’est une femme enceinte, une étude vient de sortir et semble montrer qu’il n’y a pas de transmission du virus de la femme au fœtus. Pour le nouveau-né, si les parents le contaminent à la naissance, pour le moment on ne sait pas. Mais les données sont plutôt rassurantes pour les enfants.

  • Quelle est la durée de vie du cororavirus sur des surfaces inertes ?

Pr Astrid Vabret : Le temps où le virus garde un pouvoir infectieux, donc où il peut infecter quelqu’un, est de quelques heures. Mais cela dépend de la température, du degré d’humidité et de ce qui l’entoure, par exemple du mucus (ou postillons) quand on tousse. Entre 20 et 25°C, il tiendrait quelques heures. Dehors, il tolère bien le froid et préfère les basses températures que les hautes températures.

  • Combien de temps reste le coronavirus sur la main ?

Pr Astrid Vabret : Globalement, il peut y rester deux ou trois heures. Mais cela dépend de la quantité de virus qui passe sur la main et si la toux est grasse ou pas : un mucus épais augmente l'espérance de vie du virus. Ne pas serrer la main et se laver régulièrement les mains sont donc des bonnes mesures.

Pr Frédéric Adnet : Surtout qu’on porte en moyenne 60 fois ses mains à son visage en une heure, soit une fois par minute ! Donc c’est le risque de contamination de la main vers le visage qui est le plus important.

  • Pourquoi toutes ces mesures pour un virus qui fait moins de morts que la grippe ?

Olivier Véran : La grippe fait chaque année en moyenne 8.000 morts et 2,5 millions de malades en France. Pour le coronavirus, on sait que huit patients sur 10 vont faire une forme sans symptômes ou avec des symptômes légers, allant du rhume à un syndrome grippal. 15% des patients vont faire des troubles respiratoires plus sévères, qui peuvent aller jusqu’à la pneumonie. Et 5% peuvent aller jusqu’en soins intensifs voire en réanimation. C’est vrai que ce sont des patients souvent âgés, qui ont des maladies associées donc qui sont déjà fragiles. La mortalité est évaluée entre 1 et 2%.

Mais on voit des patients qui ont un syndrome qui n’est pas très sévère depuis une semaine puis qui font des complications respiratoires plus fortes. Et il y a des complications qui peuvent aussi toucher des adultes qui ne sont pas très âgés et qui n’ont pas beaucoup de fragilité. C’est différent de ce qu’on connaît de la grippe.
Donc quand on est face à une incertitude, avec un virus qui provoque des complications respiratoires ou immunologiques qu’on ne contrôle pas parfaitement, la prudence s’impose. C’est ce qu’on appelle le principe de précaution.

  • Faut-il porter un masque et des gants chirurgicaux dans les transports en commun ?

Olivier Véran : Si je ne suis pas malade, que je ne suis pas personne-contact de personnes malades et que je n’ai pas une fragilité de santé très particulière comme une maladie pulmonaire chronique qui fait que mon médecin généraliste m’a dit de me protéger par des mesures spécifiques, je ne porte ni gants, ni masque. Dans la population générale, le port du masque n’a pas d’utilité.

On sait que pour freiner la diffusion d’un virus, si 60% de la population portait en permanence un masque, on commencerait à avoir un petit effet. On en est extrêmement loin et ce n’est donc pas une recommandation. Ces masques sont précieux et utiles pour les médecins, les soignants, les personnes fragiles et malades.

  • Les hommes sont aussi contaminés par le coronavirus que les femmes mais ils en meurent plus : deux-tiers des décès enregistrés actuellement concernent des hommes. Comment l’expliquer ?

Pr Arnaud Fontanet : Il faudrait d’abord voir s’il y a une différence d’âge ou de fragilité dans ces statistiques. (…) Il faut quand même savoir que pour certaines maladies, les femmes sont moins vulnérables que les hommes en terme de complications sévères, c’est par exemple le cas des hépatites. Donc ce n’est pas biologiquement impensable.

  • Les fumeurs sont-il plus à risque de complications ? Et les personnes atteintes de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), de bronchite chronique ou d’asthme ?

Pr Eric Caumes : Oui, absolument. Les Chinois ont montré que les fumeurs ont plus de risque de mourir du coronavirus. Idem pour les personnes atteintes de maladies respiratoires chroniques.
Les personnes à risque de complications sont les personnes âgées, les personnes avec d’autres maladies associées, les fumeurs et peut-être les personnes immunodéprimées.

  • Quel est le temps de guérison s’il n’y a pas de complication ?

Pr Eric Caumes : On guérit spontanément en quelques jours. Ce n’est vraiment pas la peste !
Pr Arnaud Fontanet : Une semaine à peu près, comme la grippe, pour les personnes qui ont une forme bénigne du coronavirus.