Covid : les écoles primaires jouent un rôle mineur dans la transmission, selon des pédiatres

Les enfants sont principalement contaminés dans leur famille, selon les pédiatres en charge de l’étude VIGIL. Fermer uniquement les écoles ne suffirait donc pas à freiner l’épidémie de covid.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / Tom Wang

Faut-il fermer les écoles ? Alors que le Président Macron doit prendre la parole ce soir pour annoncer de nouvelles restrictions contre le covid, la question de la fermeture des écoles se pose une nouvelle fois.

Le protocole sanitaire dans les établissements scolaires a d’ailleurs été à nouveau renforcé : depuis le 29 mars, une classe est fermée dès qu’un cas de covid y est détecté.

Pourtant, selon plusieurs pédiatres qui encadrent l’étude VIGIL menée sur 4.000 enfants depuis le mois de juin, l’école joue un rôle mineur dans la transmission du coronavirus.

Contaminations dans les familles

"Dans cet observatoire continu, nous testons des enfants en ambulatoire (sans hospitalisation, ndlr) et nous leur posons plusieurs questions, notamment pour déterminer comment l’enfant a été contaminé" nous explique le professeur Robert Cohen, pédiatre infectiologue, président du Groupe de Pathologie Infectieuse Pédiatrique (GPIP) au sein de la Société Française de Pédiatrie et promoteur de l’étude VIGIL.

Et "dans 70 à 80% des cas, le mode de contamination est la famille" note-t-il. C’est-à-dire qu’un autre membre de la famille, "le plus souvent un adulte" a été testé positif avant l’enfant.

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Plus on teste, plus on a de cas

Pour le professeur Cohen, ce n’est pas une surprise, car cela a toujours été le cas. "Nous voulions vérifier si la proportion changeait avec les variants, ce n’est pas le cas pour le moment" précise-t-il.

Alors pourquoi compte-t-on aujourd’hui autant de classes et d’écoles fermées ? Parce qu’on teste davantage, répond le professeur Cohen, qui remarque que le taux de positivité des tests, lui, n’a pas changé.

C’est une question de logique : "Si les enfants sont contaminés dans leur famille, quand l’incidence augmente dans la société, elle augmente aussi dans les écoles" explique-t-il.

Aucun bénéfice à ne fermer que les écoles

Autant d’arguments repris par la Société française de pédiatrie dans son avis du lundi 29 mars. Et pour ces spécialistes, compte tenu du "rôle mineur" que jouent les écoles dans la transmission du virus, "le bénéfice attendu de la fermeture des écoles risque lui aussi d’être mineur".

Car "si des transmissions intra scolaires sont possibles, elles ne constituent qu’une infime minorité des contaminations, et ne sont donc pas le levier principal pour bloquer la chaine de transmission" expliquent les pédiatres.

Tester les enfants, vacciner les enseignants

Que proposent les pédiatres alors ? Tester largement les enfants dans les écoles, d’abord, grâce aux tests salivaires. Vacciner massivement ensuite, tous les enseignants et professionnels de l’enfance.

Et si des fermetures sont décidées dans les zones où le virus circule le plus, elles doivent "cibler en premier les collèges et les lycées", notamment avec la mise en place de demi-groupe, d’enseignement à distance et d’un suivi renforcé.

Une situation différente au collège et au lycée

Car la situation est très différente au collège et au lycée, puisque "les adolescents sont souvent plus porteurs du virus que les jeunes enfants" remarque le professeur Cohen.

La question qui se pose pour ces établissement est donc très complexe, étant donné que "les conséquences de la fermeture des collèges et des lycées sur la santé mentale des adolescents sont tout sauf négligeable, que ce soit en terme de dépression, de maladies psychiatriques et de risque de suicide" alerte-t-il enfin.